Village de Lachau
Village de Lachau
Vue du chateau et de l'église © Dobeuliou
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Village de Lachau


article de l'association Le Luminaïre

 La tour du Riable est le donjon d’un ensemble fortifié (castrum), édifié vers la fin du XIIe s. sur un éperon barré qui lui assurait une protection naturelle.

Perchée à 1190m d’altitude, à 4 km au Sud du village, elle bénéficie d’une vue directe sur les villages de la haute vallée de la Méouge : Lachau, Ballons, Barret-sur-Méouge, mais aussi les sites des anciens châteaux de Mévouillon, Vers et Gaudissard (Eygalayes). Au-delà, la vue porte, à l’Est, sur la vallée de la Durance et, au Nord, jusqu’au massif des Écrins.

Pour s’y rendre, depuis le village, il faut contourner la montagne par le sud, soit à pied, par le chemin de randonnée qui passe devant N.D. de Calma, soit par la route qui mène au « quartier du château ». Dans tous les cas l’accès final se fait à pied par un étroit sentier.


Une histoire retrouvée

Les historiens et les archéologues ont longtemps cru que l’histoire de la tour s’était perdue avec le départ de ses derniers occupants, même si certains avaient pensé la reconnaître dans un texte de 1424 qui évoque un castrum Cleis, au sud-est de Lachau. Faute de documents, on en était réduit aux hypothèses, comme celle d’une origine templière.

Les recherches archivistiques faites en marge du chantier de sauvegarde de la tour ont permis de lui rendre son identité et son histoire. Au cours des recherches, un acte de 1337 a en effet révélé [que] le nom ancien du lieu était Balon-Lotron, donné comme confront de Curel et Montfroc, villages situés au sud de la tour.

Dossier 4 Img 2 Transcription de l’acte de donation au dauphin de Montfroc, Vers et Curel, par Lambert Adhémar, le 2 juin 1337 (extrait)- A. Duchesne – Histoire généalogique des ducs de Bourgogne de la maison de France (1637)

Le castrum de Balon-Lotron était connu par les textes médiévaux mais sa localisation n’avait jamais été identifiée clairement. Avec l’assimilation de la tour du Riable au castrum de Balon-Lotron se trouve résolu à la fois l’identification de l’emplacement de ce castrum et celle du nom médiéval de la tour du Riable. Et le castrum Cleis, au sud-est de Lachau s’avère être Elris (Eourres), mal retranscrit.

Tout comme Lachau, Balon-Lotron était, à l’origine, une possession des Mévouillon-Lachau, branche cadette de la lignée des seigneurs de Mévouillon.

La première mention qui en est faite date du 26 mai 1230. A cette époque, Raimbaud de Lachau, seigneur d’un domaine qui couvrait le Val de Méouge, de Lachau à Ribiers, venait de reconnaître le dauphin André comme suzerain et ce dernier avait rétrocédé à Raimond de Mévouillon sa suzeraineté sur Raimbaud de Lachau, moyennant hommage, pour les terres et les châteaux de Lachau, Ballons, Balon-Lotron, Gaudissard (Eygalayes) et Eourres.

Cette inféodation fut confirmée le 1er juin 1237, par la dauphine Beatrix à Raimond IV de Mévouillon et à son frère Raimond le bossu.

La suzeraineté des Mévouillon sur les fiefs de Raimbaud de Lachau passa en 1247 aux Adhémar par le mariage de Galburge de Mévouillon, fille et héritière de Raimond le bossu, avec Lambert Adhémar, seigneur de La Garde et Montélimar.

Au début du XIVe siècle, outre la suzeraineté, les Adhémar acquirent la presque totalité de la seigneurie directe sur Lachau, Ballons et Balon-Lotron. Ils la possédaient encore en 1440 comme l’atteste un procès qui opposa Louis et Gaucher Adhémar pour la possession de ces trois castra. Le 9 mars 1440, le Conseil delphinal enjoignit Louis et son fils Gonon de remettre les châteaux de Lachau, « Ballons-de-Chabre » et « Ballons-le-Tronc » à Baudon Adhémar, fils de Gaucher. Et comme Gonon refusait d’obtempérer, le dauphin dut envoyer une troupe sur place pour mettre ces châteaux sous son administration.

On suppose que les occupants de Balon-Lotron quittèrent ce lieu dès la fin du XVe s. pour un habitat plus accessible. Le lieu fut ensuite rattaché à Lachau.

 

Le bâtiment et ses dépendances

La tour présente un plan carré de 6,5 m de côté avec des murs de 1,65 m d’épaisseur. Elle est conservée sur une hauteur de 7 m.

Le rez-de-chaussée comporte une salle voûtée avec au-dessus l’amorce d’un 1er étage. Cette salle est éclairée par un petit jour situé sous la voûte, sur le mur ouest. A l’origine, l’entrée devait se faire à l’étage où l’on observe la trace d’une ouverture. Des claveaux de voûte et deux « corbeaux » de pierre, trouvés au sol, à l’aplomb de cette ouverture, ont pu lui appartenir. Les travaux de sauvegarde ont permis de dégager une embrasure de porte, au rez-de-chaussée, correspondant à un aménagement tardif.

De nombreuses excavations situées aux alentours révèlent l’existence de bâtiments aujourd’hui disparus. Les moellons qui ont servi à les bâtir ont pratiquement disparu, ces constructions ayant servi de carrière de pierre pour les habitants des environs. La tour elle-même a été réduite d’au moins la moitié de sa hauteur.

A 15 m au Sud se situait une entrée du castrum (poterne) dont on voit la trace dans le rocher. Un rempart dont la base a été mise au jour pendant le chantier (puis recouvert) défendait le fort à l’Ouest. Coté Est, un reste de rempart est visible dans le prolongement du mur de la tour.

 

Le chantier de sauvegarde

Au début des années 2000, la tour, déstabilisée par la disparition de ses pierres d’angles et par la chute de la foudre, menaçait ruine et semblait vouée à un écroulement prochain

Sous l’impulsion d’Henri Amic, l’association Le Luminaïre et la commune de Lachau se sont alors mobilisées pour sauver ce témoin de l’histoire locale.

Pour faciliter le projet et garantir définitivement l’accès de la tour au public, celle-ci a été acquise en 2008 par la commune pour un montant symbolique.

Une équipe de bénévoles a été constituée. Michèle Bois, archéologue, et Yvan Girard, de la Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de la Drôme, ont apporté leur expertise. Plusieurs organismes institutionnels ont accepté de soutenir le projet tandis que simultanément, une souscription publique était lancée.

Le chantier a débuté le 5 juillet 2007, par l’héliportage sur place, par l’Armée de l’air, de 20 tonnes de matériaux et de matériel. Les bénévoles ont d’abord sécurisé le bâtiment (blocage au mortier de chaux des pierres en déséquilibre). Un sentier d’accès a été tracé. Le parement intérieur du mur Sud, et une partie du parement extérieur du même mur, déstabilisés par la foudre, ont été déposés et remontés. La voûte de la salle du rez-de-chaussée a été restaurée, avec sa trappe d’accès. Plusieurs compléments de matériaux ont été portés jusqu’à la tour par héliportage et à dos d’âne et de chevaux.

La campagne 2009 a permis de couler une dalle de mortier de chaux au-dessus de la voûte et de poursuivre la consolidation des angles.

Ce premier chantier s’est achevé en 2010. Au total, ce sont plus de 40 bénévoles qui auront participé au chantier, lui consacrant au total près de 1350 heures de travail.

Une seconde campagne de travaux a été lancée pour reconstituer l’entrée du rez-de-chaussée, restaurer les chaînages d’angles et renforcer l’étanchéité de l’arase des murs et de la terrasse.

 L’accès à la tour est ouvert au public, sous sa propre responsabilité. De nombreux groupes appartenant aux sociétés savantes de la région se sont rendus sur place. Et la tour s’inscrit désormais dans le sentier de randonnée de la Méouge. Ces dernières années, les « journées du patrimoine » ont permis de présenter le chantier aux visiteurs.

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