« Toutes les fontaines proviennent des eaux pluviales infiltrées et rassemblées sur la glaise ».
Citation de Georges Louis Leclerc comte de Buffon (1717 – 1788) académicien.
Histoire naturelle des minéraux (1783 – 1788)
Le lecteur est invité à consulter le site https://histoiredelachaublog.wordpress.com/ et plus particulièrement le chapitre « SOURCES, FONTAINES ET EAU COURANTE » réalisé avec les riches témoignages de Monique et Henri AMIC.
Autrefois, bien avant que l’eau n’arrive au robinet de chaque foyer, les fontaines publiques étaient avec les puits et les cours d’eau les seuls lieux d’alimentation en eau potable. Alors que certaines ont pu servi d'abreuvoir, elles ont participé à l'hygiène publique limitant le risque de choléra ou de maladies véhiculées par les puits susceptibles d'être contaminés par les excréments notamment du bétail et les eaux usées. C'est ainsi que les fontaines étaient les outils de la domestication de l'eau.
Ces fontaines publiques, comme les sources entretenues par des particuliers résidant principalement dans les régions rurales, ont eu pour vocation de fournir de l’eau pour la consommation et les usages domestiques, mais aussi permis d’abreuver les animaux, soit au retour du travail, soit au retour du pacage (voir illustration ci-contre).
La fontaine est un édifice qui témoigne d'une corvée d'eau essentiellement féminine jusqu'à la fin du XIXe siècle, voire le début du XXe siècle. L'eau qui y est puisée au moins deux fois par jour, pour la boisson, la cuisine, la vaisselle et la petite toilette, est recueillie dans des cruches, des seaux, des brocs, des arrosoirs. Lorsqu’il s’agit de transporter une plus grande quantité d'eau, on a recours à des cuviers1 ou des tonneaux, qui sont transportés jusqu'à la maison dans des brouettes (voir illustration ci-contre).
Les fontaines desservant des auges ou abreuvoirs sont des installations purement fonctionnelles qui sont en règle générale pas ou peu décorées et dont les bassins sont simples sans ornements. Elles ont comme unique fonction de fournir une eau pure et fraîche répondant aux besoins humains (boisson et lavage) ainsi que ceux des animaux qui pouvaient s'y abreuver après de longues journées de labeur.
Toutefois, certaines fontaines situées au centre d’une place importante constituaient ainsi un lieu vers lequel convergeaient principalement les ménagères et les enfants, au moins deux fois par jour (le matin et le soir). (voir illustration ci-contre)
Ces fontaines étaient aussi pour les communes ayant les moyens financiers l'occasion d'ériger des monuments d’architecture constituant des lieux majeurs de la sociabilité villageoise (échanges, discussions et parfois conflits) et offrant aussi des possibilités de rafraîchissements. (voir illustration ci-contre)
Les deux fontaines du village de Lachau qui, placées au milieu de places publiques, consistaient en un bassin adossé ou isolé de forme circulaire et dans lequel plusieurs jets d'eau servent à amener l'eau dans le bassin proprement dit. L'installation de ces fontaines sont les suivantes :
- celle de la Place de l’Église qui n'existe plus (voir plans et illustrations ci-contre),
- celle de la Place du Château qui est encore présente.
La fontaine située au centre de la place de l'église a été démontée selon le témoignage de Henri Amic pour plusieurs raisons :
- arrivée dans les années 1930 de l'eau potable dans les maisons,
- mise à disposition d'un espace public plus grand dans le cadre d'activités diverses (rassemblement de la population, marchés, fêtes du village...).
Donc a été conservée la fontaine de la place du château (confer la photographie actuelle ci-contre).
L'architecture de la fontaine de la place du Château est constituée :
- d'un pilier vertical sous forme d'une colonne comprenant la conduite d’alimentation et le goulot,
- d'un bassin faisant office de réservoir avec un écoulement et un trop-plein (régulation par une soupape),
- d'un fondement du bassin initialement en dalles et qui a été bétonné en vue d'éviter les fuites d'eau internes,
- de support en fer entre le pilier et les bords du bassin permettant ainsi de poser les récipients pouvant être ainsi remplis à partir de tuyaux d'écoulement d'eau du pilier.
Conclusion.
La fontaine publique, autrefois symbole d’urbanisme et de civilisation, parfois de grandeur de la cité, voire d’hygiène, exigeait un investissement, en travail, en argent, payé par tous pour en assurer la pérennité.
Il faudra attendre l’arrivée de l’eau courante dans les maisons et les étables pour voir la fin de la corvée d’eau journalière et l’allégement d’un fardeau séculaire.
A partir du moment où les réseaux de distribution d'eau ont été réalisés, il fallait rentabiliser l'adduction d'eau, et on faisait passer l'utilisation des fontaines et même leur conservation comme un signe de refus du progrès.
Aujourd’hui, si les fontaines ont perdu leur usage domestique, elles n’en restent pas moins des éléments appréciables du patrimoine communal qu'il s'agit de conserver dans les meilleurs conditions.
Concernant la fontaine de la place du Château de Lachau qui, il faut le souligner, n'offre pas de l'eau potable elle a été mise en valeur par l'aménagement de la voirie et la plantation d'un arbre aux feuillage incandescent à l'automne – ce qui est un signe patent de la volonté de la commune de sauvegarder son patrimoine.
C.A.M.
1 Petite cuve dont les lavandières et blanchisseuses se servent pour faire la lessive. Les cuviers sont un ouvrage de tonnellerie et ne diffèrent des cuves que par la grandeur.
