Village de Lachau
Village de Lachau
Vue du chateau et de l'église © Dobeuliou
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Village de Lachau


François Moulet dit Lachau
Milicien de l'Armée royale de l'Ancien régime

(♦ Voir ci-contre la gravure d’après dessin de Marbot1 montrant des miliciens.)

Serment des recrues des milices provinciales du XVIIIe siècle :
« De par le Roi, soldats, levez la main. Vous jurez et promettez que vous obéirez aux ordres de vos officiers en tout ce qui concerne le service de Sa Majesté, que vous ne quitterez jamais la troupe dont vous êtes et que voulant servir le Roi avec honneur et fidélité vous n'abandonnerez jamais vos drapeaux ».

Dans le site net « Mémoires des hommes » du ministère des armées, il peut être consulté dans le registre matricule ci-joint que François MOULET, dit Lachau, né à Lachau en 1739 (Province du Dauphiné - juridiction de Buies, dénommée ultérieurement Buies-les-Baronnies) a été incorporé comme milicien (page 15 de ce registre matricule). Cependant l'identité de son père et de sa mère n'est pas renseignée sur le registre matricule du Bataillon de la milice de Valence (Province du Dauphiné) ♦ confer la page de garde de ce registre matricule ci-contre.

François MOULET a été incorporé après tirage au sort en 1758 dans le Bataillon2 de la Milice de Valence3 (compagnie Fédon) en 1759 et sa date de mise en congé a été le 8 avril 1760.


Nicolas Fedon né en 1731 qui était le fils de Jacques Fedon, consul et maire de Dieudelefit, a obtenu par ordonnance royale le brevet de capitaine d'une compagnie (entre 80 et 90 hommes) et a assuré cette fonction de 1750 à 1761 ♦ confer ci-contre la gravure d’après dessin de Marbot d'un officier de la milice.

Origine des milices provinciales4
La guerre en France sous l’Ancien Régime n’était pas que l’affaire de militaires professionnels car l’armée recrutait non seulement des mercenaires français ou étrangers et utilisait également des milices composées de civils :
• désignés au départ par chaque paroisse de domiciliation de milicien,
• puis tirés au sort dans chaque paroisse de domiciliation de milicien.
Désignés pour une période de 2 à 6 ans selon les époques, ces miliciens encadrés par la noblesse locale devaient servir en tant qu’auxiliaires de l’armée régulière.

Organisation des milices provinciales
L'ordonnance royale du 16 décembre 1726 décida la formation d'une centaine de bataillons (environ 700 hommes) composée de 8 à 10 compagnies.

Les missions des milices provinciales
Les milices provinciales remplissaient presque toujours des tâches auxiliaires : gardes de ponts de passage, de lignes de communications, de forteresses, de prisonniers. Mais elles pouvaient aussi participer à des missions de couverture, voire à des batailles rangées hors du royaume pour « boucher » les vides occasionnés par les guerres incessantes sous le XVIIIe siècle.

Fréquence des levées de miliciens
De 1726 à la fin de l’Ancien Régime (avec une courte interruption entre 1758 et 1765), ont été effectuées 43 levées de miliciens, soit une levée tous les 17 mois. Bon an, mal an, 10 000 à 12 000 hommes furent appelés avec, en temps de guerre, des effectifs plus importants comme en 1743 par exemple : jusqu’à 66 000 hommes.

Mode de recrutement des miliciens
• L’ordonnance royale du 29 novembre 1688 a créé selon la proposition de Louvois une milice qui imposa à chaque paroisse du royaume l’obligation de désigner un homme âgé de 20 à 40 ans qui contribuait à former un bataillon de milice.
• L’ordonnance royale du 23 décembre 1692 introduisit dans les procédures de recrutement une nouveauté lourde de conséquences : le tirage au sort.
• L'ordonnance du 16 décembre 1726 précisa que la levée pouvait se faire selon le nombre de feux5 que comptaient les paroisses.

Ces miliciens, recrutés dans la tranche d’âge de 16 ans puis 18 ans à 40 ans (le minimum fut porté à 18 ans en 1765), devaient effectuer un service de 2 ans puis 4 ans et ensuite 6 ans après 1765. 

À l’origine, le cadre du recrutement fut celui de la paroisse qui devait fournir volontairement un milicien. Le choix de cet homme dépendait d’abord du volontariat. Puis, le système évolua et l’on tint compte de l’importance de la paroisse qui se vit dans l’obligation de présenter autant d’hommes qu’elle payait 2 000 livres de taille6. Puis, très rapidement, on introduisit un certain nombre de modalités dans ce mode de recrutement : capacité à manier les armes, taille d'au moins 5 pieds de haut (1,624m), célibataire, ou veuf sans enfants,

Le tirage au sort
L’intendant7 devait répartir cet effectif entre les paroisses et les communautés relevant de son autorité. Puis, c’était aux subdélégués de superviser l’opération en commençant par envoyer aux différents syndics, curés et autres responsables locaux, la copie du texte qui ordonnait la levée. Ces autorités locales dressaient alors la liste de tous les « miliciables » qui devaient ensuite se soumettre à un tirage au sort dans les paroisses où ils étaient domiciliés. 

À l’appel de leur nom, les «  miliciables » prenaient les uns après les autres un billet qui se trouvait dans un chapeau. Ceux qui étaient « bons pour le service » se retrouvaient avec un « billet noir », c’est-à-dire un billet sur lequel était inscrit « milicien » . À l’issue de ce tirage au sort était dressé un procès-verbal sur lequel était indiqué le signalement précis de chaque nouveau milicien (nom, âge, taille et autres caractéristiques). Les hommes retenus devaient enfin se rendre au plus vite au chef-lieu de la région pour une première réunion de leur compagnie.

♦ Confer le dessin ci-contre qui montre la cérémonie du tirage au sort : il s’agit d’un dessin de Marbot montrant le recrutement de la milice par tirage au sort, dans la paroisse d'Authon, près de Dourdan, effectué en présence du subdélégué de l'intendant d'Orléans.

Exemptions du tirage au sort des miliciens
Il existait un grand nombre de cas d’exemption :
• ceux qui ne répondaient pas aux critères physiques (plus de 20 % des cas) : taille minimum d'au moins 5 pieds de haut (1,624m) et les infirmes ;
• la noblesse, le clergé (et leurs desservants laïques) ainsi que leurs domestiques, les bourgeois rentiers, les marchands et cultivateurs aisés, les professions libérales, les employés publics (maires, consuls, échevins, syndics, collecteurs d'impôts, agents des fermes du Roi, postiers, changeurs d'argent, agents municipaux, gardes-chasse, gardes forestiers, pompiers, ouvriers des arsenaux (constructions navales, poudres et salpêtres, et la monnaie), soignants des personnes (hôpitaux, hospices, à domicile) et des animaux domestiques, gens de robe et de plume ;
• les professions jugées utiles pour la communauté nationale : membres des milices bourgeoises, transporteurs, artistes et artisans exerçant des métiers rares, domestiques de veuves vivant seules, étudiants, bergers d’une communauté possédant plus de 300 têtes de bétail, maréchaux-ferrants de paroisses d’au moins 50 feux, militaires retraités en fonction de la durée de leurs services.

Convocations des miliciens
Les convocations pour l'instruction militaire des miliciens étaient irrégulières car elles pouvaient aller d'une fois par mois à une fois par an ; cette dernière fréquence fut ensuite imposée par l'ordonnance de 1774. Chaque convocation ne comprenait à l'origine qu'une seule journée d'instruction militaire, forcément sommaire, mais sa durée fut fortement allongée par la suite.

Financement des milices provinciales à partir de 1726
Le roi fournissait l’armement (1 fusil, 1 baïonnette, 1 épée, 1 giberne, 1 ceinturon) et habillait le milicien : un justaucorps de drap blanc, une veste et une culotte de serge blanche doublée de toile grise avec, pour la veste, un revers, un collet et des parements bleus.

Les paroisses devaient effectuer les opérations suivantes :
• équiper leurs miliciens en petit équipement : 1 chapeau bordé d’un galon d’argent faux, 2 chemises de toile, 2 cols, 1 paire de souliers et de guêtres et 1 havresac ;
• payer l’homme qui conduisait le ou les miliciens au lieu de regroupement qui ne devait pas être situé à plus de 3 jours de marche de leurs domiciles ;
• verser en temps de paix une solde aux miliciens mais qui était prise en charge par le Roi en temps de guerre.

Avantages fiscaux créés en 1732
• Le père du milicien jouissait pendant la durée du service de son fils d’une dispense complète de l’impôt de la taille si sa quote-part était fixée à moins de 20 livres8 ; au dessus de ce chiffre il ne payait que l’excédent.
• Le milicien quant à lui ne pouvait être imposé à la taille que pendant 2 ans après sa libération pour ses biens propres ou pour ceux de sa femme s’il venait à se marier pendant ces 2 années.

Conclusion
En résumé, cette organisation créée en 1688 par Louvois, supprimée une première fois de 1697 à 1700 puis en 1715, rétablie momentanément en 1719 puis définitivement en 1726 jusqu’à sa suppression définitive à la suite de la loi du 29 septembre 1791 qui organisa les Gardes nationales pour une longue durée.
Finalement cette organisation des Gardes nationales perdura jusqu'en 1875 - année de la création du service militaire universel masculin.

C.A.M.

1 Alfred de Marbot (1812-1865) était issu d'une ancienne famille de noblesse militaire du Quercy. Ses Mémoires constituent un remarquable témoignage sur l'épopée napoléonienne.

2 Confer l'ouvrage publié avec le concours du C.N.R.S. (1970) conservé dans le service historique de la défense (ministère des armées) = « les contrôles de troupes de l'Ancien Régime par A. Corvisier (tome 3) »

3 Valence « place de guerre », puis « ville de garnisons », est marquée par une histoire militaire dont les traces sont encore visibles dans l’urbanisme et l’architecture. Dès le XVIIIe siècle, elle accueille plusieurs casernes afin de loger les troupes qui étaient jusqu’alors hébergées chez les habitants : caserne St-Félix, caserne Chareton, caserne Brunet et enfin la caserne Latour-Maubourg bâtie au XIXe siècle en face du polygone d’artillerie (caserne transformée en 2021 en médiathèque).

4 Confer les ouvrages suivants : « Les milices et les troupes provinciales, volume 1834 » –  Léon Clément Hennet, « Les milices provinciales dans le Nord du royaume de France à l’époque moderne (17è-18è) – Revue du Nord, volume 350, n°2, 2003, pp279-296 - Alain Joblin » et « L’obligation militaire en France sous l’Ancien régime » – Lieutenant Colonel Alain Huyon

5 Sous l'Ancien Régime les dénombrements étaient exprimés en « feux », ce mot étant pris dans le sens foyer ou famille. 

6 La taille royale peut prendre deux formes : la taille réelle assise sur la terre et la taille personnelle frappant les revenus. Dans les pays « d'État », c'étaient les États qui répartissaient la taille entre les paroisses de la province ; dans les pays « d'élection », c'était l'intendant.

7 Les intendants étaient les personnages centraux de l'administration royale dans les provinces. Leur rôle s'apparente à celui des actuels préfets, dans une moindre mesure.

8 La livre était une monnaie de compte utilisée en France de 781 à 1795, date à laquelle elle est remplacée par le franc.

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