Village de Lachau
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Vue du chateau et de l'église © Dobeuliou
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ARMAND Pierre Émile
Un exemple d'une belle carrière de sportif militaire.

Parmi les trois « enfants » de Lachau qui ont été faits chevaliers de la Légion d'Honneur, figure Pierre Émile ARMAND né à Lachau le 6 août 1867 qui est le fils de Pierre ARMAND né en 1820 (charretier – 47 ans) et de Madeleine Eulalie JEAN née en 1826 (sans profession – 41 ans), domiciliés à Lachau.
► voir l'extrait d'acte de naissance

Avant son incorporation dans l'armée, Pierre Émile Armand exerçait la fonction de domestique à Laragne (Hautes Alpes). Il a été appelé sous les drapeaux en vertu des dispositions de la loi Cissey du 27 juillet 1872 qui précisait l'obligation du service militaire mais en distinguant, par tirage au sort1, deux catégories de soldats dans le contingent annuel :
- l’une est soumise à un service de 5 ans (en fait 40 à 44 mois compte tenu des permissions),
- l’autre à une durée de 6 à 12 mois seulement.
(Pour en savoir plus sur les conditions de la méthode du tirage au sort, le lecteur est invité à consulter l'article concernant Paul, Bernard Audibert.)


Lors du Conseil de révision ont été inscrites sur le registre de recrutement les données morphologiques de Pierre Émile Armand de la classe de recrutement de 1887 et inscrit n° 604 au registre matricule de recrutement qui sont les suivantes :

taille visage front yeux menton nez cheveux sourcils bouche
1,72 m allongé découvert noirs rond fort châtains clair châtains clair petite

Sa taille, qui est élevée par rapport à la moyenne de l'époque (1,65 m), laisse penser une constitution physique solide.

Service militaire actif de Pierre Émile Armand avant la 1ère guerre mondiale de 1914-1918.

Pierre Émile Armand qui est appelé pour un service militaire de 5 ans en tant que conscrit et refusant avec sa famille la possibilité de remplacement, choisit de devenir un soldat de métier en signant plusieurs contrats de rengagements qui sont les suivants :

Durée de service Date de début de service
Incorporé comme appelé à compter du 12 novembre 1888
Rengagé pour 2 ans le 29 juillet 1891 à compter du 1er novembre 1891
Rengagé pour 3 ans le 25 novembre 1892 à compter du 1er novembre 1893
Rengagé pour 5 ans le 11 juillet 1896 à compter du 1er novembre 1896
Commissionné2 comme sous-officier maître d'escrime à compter du 19 octobre 1901

Pierre, Émile Armand est rayé des contrôles le 30 septembre 1910 à l'âge de 43 ans après 22 années de service militaire actif.

Pendant la période avant la 1ère guerre mondiale de 1914-1918, Pierre Émile Armand est incorporé dans différentes formations militaires qui sont les suivantes :

Formations militaires Garnison Date d'incorporation Décisions
140ème régiment d'infanterie Grenoble (Isère) - le 12 novembre 1888  
École normale de gymnastique Jointville-le-Pont (Seine) - le 1er novembre 1893  
140ème régiment d'infanterie Grenoble (Isère) - le 22 octobre 1896  
18ème bataillon de chasseurs à pied Romorantin (Loir-et-Cher) - le 8 avril 1897 Décision ministérielle du 26 mars 18973
8ème régiment de hussards Verdun (Meuse) - le 2 septembre 1899  
2ème régiment de cuirassiers Orange (Vaucluse) - le 11 mars 1902 Décision ministérielle du 4 mars 1902
École supérieure de guerre Paris (Seine) - le 8 septembre 1910 Décision ministérielle du 8 septembre 1910

Pierre Émile Armand en tant qu'appelé est breveté Prévôt d'escrime, qui est un sous-maître d'escrime, le 16 juillet 1890.
► voir un exemple de brevet

Compte tenu de ses grandes aptitudes physiques, il suit les cours à l’École nationale de Gymnastique (division escrime) du 1er février 1891 au 16 janvier 1892. C'est donc à partir de cette année-là que Pierre Émile Armand se spécialise dans l'escrime militaire.

Rappel sur l'instruction obligatoire de l'escrime : en 1869, Napoléon III réinstaure l'instruction obligatoire de l'escrime aux militaires. En 1877, le général Boulanger, ministre de la Guerre, rend même la pratique hebdomadaire de ce sport de caserne obligatoire pour les officiers et ces séances doivent être publiques afin « de démontrer à leurs soldats le talent de leurs chefs, de gonfler l’aura de leur charisme et de leur honneur viril comme modèle républicain » à partir d'un règlement complet qui prévoit de rendre :
- l'escrime à l'épée obligatoire dans la cavalerie et l'infanterie,
- l'escrime au sabre obligatoire dans la cavalerie et facultative dans l'infanterie.

La pratique de l'escrime est une discipline française par excellence qui, sous la 3ème République, développe des qualités physiques, morales et intellectuelles, participe à la formation de la jeunesse française, apparaît comme une œuvre patriotique permettant de régénérer la nation par son éducation virile, de constituer, face au puissant voisin allemand, un moyen de réveiller l'héroïsme, et d'afficher la supériorité morale de la nation selon l'objectif du ministère de la guerre de l'époque.

Charles comte d'Argy a créé le 15 juillet 1852 à la redoute de la Faisanderie (un ouvrage militaire des fortifications de Saint-Maur, en limite est du Bois de Vincennes et du plateau de Gravelle) l'École normale militaire de gymnastique de Joinville dont l'objectif était de former des moniteurs militaires de gymnastique. Mais elle « va rapidement s'impliquer hors de l'espace propre à l'armée en profitant de la double opportunité de l'obligation de la gymnastique dans les écoles publiques et de l'absence de dispositifs de formations à l'éducation physique scolaire. » En 1872, l'école devient l'école normale de gymnastique et d'escrime de Joinville qui forme les gymnastes régimentaires et plus tard, contribue à former les sportifs français participant aux Jeux Olympiques. (♦ voir photos de l'école ci-contre)

Pierre Émile Armand gravit progressivement les différents grades de la hiérarchie militaire dans cette spécialité sportive4 qui sont les suivants :

Grade Date Décision
Soldat de 2ème classe - le 12 novembre 1888  
Soldat de 1ère classe - le 8 octobre 1890  
Caporal moniteur d'escrime - le 24 janvier 1892 à l'issue de son stage à l’École nationale de Gymnastique
Sergent chef de salle d'escrime - le 21 octobre 1895  
Sergent maître d'escrime - le 8 avril 1897  
Adjudant maître d'escrime - le 11 mars 1902 Décision ministérielle du 4 mars 1902

Service militaire actif de Pierre, Émile Armand pendant la 1ère guerre mondiale de 1914-1918.

A l'âge de 47 ans, et compte tenu de sa carrière comme sous-officier de métier, il est mobilisé dans le cadre de la 1ère guerre mondiale de 1914-1918 au sein des unités d'active envoyées en 1ère ligne :

Formations militaires Date d'incorporation Décision
2ème régiment de cuirassiers - le 3 août 1914 Mobilisé
81ème régiment d'artillerie à tracteurs - le 19 mars 1916 Décision ministérielle du 19 mars 1916
11ème et 12ème régiment de cuirassiers à pied - le 16 juin 1916 Décision ministérielle du 16 juin 1916
    Rayé des contrôles le 18 juin 1916 à l'âge de 49 ans.
    Mis à l’arrière du front le 24 mai 1917 et mis à la disposition du 1er corps d'armée comme casernier dans la commune de Guny (Aisne) le 6 novembre 1917
101ème régiment d'infanterie territoriale - le 18 novembre 1917 (Lyon et Nancy)  
111ème régiment d'infanterie territoriale - le 18 janvier 1918 (occupation des forts de la région de Verdun)  
121ème régiment d'infanterie territoriale - le 1er octobre 1918 (Maroc : escorte de convois et services de garde, notamment des prisonniers allemands)  

Rappel sur les régiments d'infanterie territoriale : pendant la Première Guerre mondiale, un régiment d’infanterie territoriale est composé essentiellement d'hommes âgés de 34 à 49 ans, considérés comme trop âgés et plus assez entraînés pour intégrer un régiment d’active ou de réserve. Les territoriaux sont dans la majorité d'entre eux initialement chargés de différentes missions opérationnelles : services de garde dans des lieux sensibles, travaux d'infrastructures, escorte et garde des soldats allemands prisonniers, ramassage, identification et inhumation des cadavres.

Service militaire actif de Pierre, Émile Armand après la 1ère guerre mondiale de 1914-1918.

A l'issue de la 1ère guerre mondiale, et alors que sa date de libération du service militaire était enregistrée pour le 1er novembre 1919, il resta à sa demande en activité de service jusqu'en 1922, soit à l'age de 55 ans avec 35 années de service dont 4 années de guerre.

Formations militaires Dates
87ème régiment d'infanterie (Spire – Allemagne) comme troupes d'occupation - le 11 mai 1919
École supérieure de Guerre (Paris) - le 11 août 1919

Les décorations nationales et militaires de Pierre, Émile Armand.

Au vu de ses services qui méritent un profond respect, Pierre Émile Armand a reçu :
- la Médaille militaire après 23 années de service et qui d'ailleurs était peu distribuée avant 1914 par le décret du 30 décembre 1911 (voir photo ci-contre),
► voir le récépissé de Médaille militaire de Pierre Émile Armand
- la Légion d’honneur après 34 années de service dont 4 années lors de la 1ère guerre mondiale de 1914-1918 par le décret du 28 décembre 1921 (voir photo ci-contre).
► voir le procès verbal de réception de Chevalier de Pierre Émile Armand

Au titre de sa participation à la 1ère guerre mondiale de 1914-1918, Pierre Émile Armand a reçu les décorations suivantes : la Croix du combattant et la Médaille commémorative de la guerre 1914-1918 (♦ voir photos ci-contre).

Suite à la demande des « Poilus » de la Première Guerre mondiale, la loi du 19 décembre 1926 a créé la carte du combattant pour ceux de la Première Guerre mondiale mais également pour ceux de 1870-1871 et des guerres coloniales antérieures à la Première Guerre mondiale. La croix du combattant a été créée que 3 ans plus tard par la loi du 28 juin 1930. La médaille commémorative de la guerre 1914-1918 appelée « médaille des poilus », surnom donné aux combattants de la Grande Guerre est créée par la loi du 23 juin 1920 sous le nom de Médaille commémorative française de la Grande Guerre pour honorer toux ceux qui ont servi la Patrie entre août 1914 et novembre 1918.

Les aptitudes aux différentes spécialités d'escrime sont constatées par mention spéciale au dossier du personnel des officiers et au carnet de notes des sous-officiers rengagés. C'est ainsi qu'en tant que sportif accompli, Pierre Émile Armand a obtenu en 1896 à l’École normale de Gymnastique trois mentions d'escrime à l'épée qui ont été citées au Bulletin officiel de la République française.

Pierre Émile Armand, qui s'est marié le 5 décembre 1898 avec Mlle Housson Lucie Marie à Stenay (Meuse) sur autorisation du conseil d'administration du 18ème bataillon de chasseurs à pied en date du 9 novembre 1898, est décédé le 10 février 1948 (acte de décès transcrit au Parquet de Grenoble) à l'âge de 81 ans.

C.A.M.

 

1 Cette loi a été suivie le 15 juillet 1889 par la loi Freycinet sur le recrutement de l'Armée (dite « loi des curés sac au dos ») qui supprime les dispenses de service militaire aux enseignants, aux élèves des grandes écoles et aux séminaristes. Le service militaire passe de 5 à 3 ans, mais le tirage au sort perdure. Il faut attendre la Loi Maurice Berteaux du 21 mars 1905 (gouvernement de Maurice Rouvier, préparée par le général André, ministre de la Guerre) pour supprimer le tirage au sort, les remplacements, ainsi que les exemptions.

2 Un militaire commissionné est un militaire recruté par contrat dans un grade d'officier, de sous-officier ou d'officier marinier pour satisfaire des besoins immédiats de l'Armée et occuper des emplois de spécialistes à caractère scientifique, technique ou pédagogique qui ne sont pas pourvus par les autres modes de recrutement et de formation ou qui font l'objet d'une vacance temporaire.

3 Suite à la dissolution du cours d'escrime du 140ème Régiment d'Infanterie car ce sport d’élite n’était plus obligatoire pour le fantassin suite à la circulaire  ministérielle du 15 février 1894.

4 Pour en savoir plus sur cette discipline, confer les références bibliographiques suivantes : « Fleurets rompus… » du  capitaine E. Coste. Editions Librairie R. Chapelot et cie, « Règlement d’escrime (fleuret-épée-sabre) », approuvé par le ministre de la guerre le 6 mars 1908. Editions Paris Imprimerie Nationale. 1912. « L’escrime et ses obligations nouvelles » du général Lewal. Editions P. Dentu. 1891. « Manuel d’escrime à la baïonnette » du capitaine Gaston. Editions Berger-Levrault. 80 pages. 1910. « Escrime de combat à la baïonnette » du  capitaine Laur. Editions Paris Lavauzelle. 44 pages. 1912.« Petit traité d’escrime à la baïonnette » d’Adolphe Corthey. 1892.

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