Au cours de l’été 1943, en juillet et août, un groupe de jeunes des Chantiers de Jeunesse ont installé leur campement au quartier du Château, au pied de Pè-de-Mùou et des bois de la Fayée. Ils avaient été auparavant à Saint-Maurice-sur-Eygues, comme par exemple Joseph BOUCHEZ, du groupe 2 équipe B, qui y avait suivi le stage de Chef d’équipe entre avril et juin 1943.
► voir un extrait du carnet de stage de Joseph BOUCHEZ : présentation des équipes
Ils étaient membres du Groupement no 33 "Le Ventoux", qui était basé à Nyons (Drôme) à l’époque puis qui a été transféré à Lussolle (Landes) en septembre-octobre 1943. Créé en mars 1941, le Groupement n°33 a été dissous le 1er octobre 1943. Leur devise : "À cœur vaillant, rien d'impossible". Leur publication : L'aurore ou Le Ventoux1 (lequel portait en devise : "À vaillans cueurs riens impossible" puis à partir de juil. 1942 : "Avant tout... France")2 Ce groupement dépendait du Commissariat régional de Provence basé à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Pendant la durée du chantier à Lachau, les jeunes ont été chargés de couper du bois dans la forêt communale.
Ils descendaient au village pour se ravitailler, poster leur courrier…
C’est après avoir décrit sa vie au Chantier dans une lettre que Joseph BOUCHEZ découvrit que leur camp était installé à proximité de la ruine de la ferme des aïeux de sa fiancée, restée à Marseille. Cette information incita après-guerre sa belle-famille à redécouvrir ses racines et, par un concours de circonstances, une de ses belles-sœurs épousa un Chaupatier et s'installa au village. Joseph BOUCHEZ eut ainsi l’occasion de revenir à de nombreuses reprises avec sa famille à Lachau, ce village qui lui avait plu.
Historique des Chantiers
L'organisation des Chantiers de la jeunesse française (CJF) est une institution paramilitaire française active entre 1940 et 1944. Lieu de formation et d'encadrement de la jeunesse française, elle est fortement imprégnée des valeurs de la Révolution nationale prônées par le gouvernement Pétain. Chaque citoyen masculin français de 20 ans, résidant en zone libre, a l’obligation d’effectuer un stage de huit mois dans les Chantiers. L’organisation des Chantiers de la jeunesse devient ainsi une institution d’État. Trois échelons marquent sa structure : un commissariat général, six commissariats régionaux, et des groupements.
Chaque commissariat régional supervise une école de cadres et 8 à 10 groupements, assimilables à des régiments, de 1500 à 2200 hommes. Chaque groupement est divisé en 6 à 12 groupes, semblables à des compagnies, de 150 à 200 hommes chacune. Les groupes sont eux-mêmes divisés en équipes. En 1943, les Chantiers sont répartis en 52 groupements, de 1500 à 2000 jeunes, installés en France non occupée et en Afrique du Nord.
L’organisation des CJF s’inscrit dans le cadre d’une politique globale et activiste du gouvernement de Vichy à l’égard de la jeunesse. Lui sont assignés différents objectifs : objectifs politiques et idéologiques dans la mesure où la jeunesse doit porter et diffuser les idées de la Révolution nationale, objectifs économiques car elle est utilisée comme main-d’œuvre palliant l’absence des prisonniers de guerre, objectifs éducatifs puisque jugée décadente, la jeunesse doit être contrôlée et « redressée » physiquement autant que moralement par une vie commune dans des camps en plein air, à la manière du scoutisme, et par l'accomplissement de travaux d'intérêt général, notamment forestiers, dans une ambiance militaire. Les jeunes sont encadrés par des officiers démobilisés, ainsi que par des aspirants formés pendant la guerre de 1939-1940.
Face à la suspicion des autorités allemandes, les Chantiers sont réorganisés durant l’hiver 1943 et une partie des jeunes est alors affectée au Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne. Après plusieurs campagnes de réduction des effectifs par voie de mutation et de licenciement, les Chantiers sont finalement dissous à l’été 1944.3
S.A.
Remerciements à la famille de Joseph BOUCHEZ et plus particulièrement Élisabeth BOUCHEZ QUINTON pour avoir fourni ces informations et ces documents inestimables.
1 Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chantiers_de_la_jeunesse_française
2 Site de la BNF :
https://data.bnf.fr/fr/15926541/chantiers_de_la_jeunesse_francaise_groupement_33/
3 Site des Archives Nationales :
https://francearchives.fr/findingaid/56e74bc24e7da43a36a215df123c2f3256b11d0c et
https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/cms/content/helpGuide.action?uuid=297146a7-9055-4f77-ba45-e5c5e91c4c3a&version=1&preview=false&typeSearch=&searchString=402