Les cognassiers sont des arbres assez répandus par ici. Cette année ils croulent sous une profusion de coings jaunes et bien mûrs.
Le cognassier, originaire du Caucase, s'est très bien adapté à Lachau où il a été introduit il y a fort longtemps. Il suffit de passer quelques hivers dans notre village pour comprendre pourquoi notre climat lui rappelle celui de son pays d'origine.
Autrefois, tout le monde avait des cognassiers dans son jardin ou dans les haies de bordure de champs, pour faire des confitures et des pâtes de coing à l'approche de l'hiver. Un confiseur de Nyons venait acheter les fruits et leur cueillette représentait un apport financier supplémentaire pour les familles. De nombreux cognassiers ont été arrachés depuis, mais il en subsiste encore pas mal, et des Chaupatiers continuent la tradition de la gelée et de la pâte de coing. A cette occasion, certains invitent leur famille pour un week-end "Coudounade"*.
A Vérone il y a Roméo et Juliette, à Lachau nous avons Jean-Claude et Julliette. C'est tout une histoire d'amour entre ces deux là aussi.
En 2008 Jean-Claude découvrit un jour dans la montagne un petit marcassin coincé dans un bassin vide du hameau du Château. La maman venait d'être tuée par un chasseur. .
Après une nuit blanche passée à penser au marcassin, Jean-Claude ne pouvait plus tenir et il décida d'aller le chercher et de le sauver. Il savait à quoi il s'exposait car en tant que chasseur il connaissait la loi qui interdit toute détention d'animal sauvage chez soi. Mais c'était plus fort que lui, il fallait qu'il vienne au secours de cette petite bête.
C'était une femelle qu'il baptisa Julliette (avec 2 L). Julliette fut élevée au biberon et à la mamelle de la chienne. Un an plus tard, elle était devenue une belle laie robuste et espiègle et très attachée à son sauveur, puisqu'à plusieurs reprises il essaya en vain de la ramener à la vie sauvage. À chaque fois elle revenait à la maison.
Il lui installa un parc au bord d'un ruisseau au hameau de La Pinié. Julliette grandissait sous l'œil bienveillant des Chaupatiers.
Cependant l'administration prit connaissance de cette affaire et menaça de faire abattre Julliette. Impensable pour Jean-Claude qui eut l'idée de s'adresser à une célèbre émission animalière à la télévision. Peu de temps après la diffusion du reportage il reçut de nombreux soutiens de toute la France ; en particulier celui de la Fondation Brigitte Bardot qui lui paya un avocat.
► voir un article de journal paru à l'époque
Après bien des péripéties judiciaires, lassée de tout le remue-ménage occasionné par cette affaire, l'administration laissa au Préfet de la Drôme la décision de trancher.
Ainsi, Jean-Claude a obtenu par décision préfectorale le droit exceptionnel de garder son animal dans un parc.
Julliette fait la joie des enfants et des grands. Elle est devenue la mascotte de Lachau.
Depuis l'adoption de Julliette, Jean-Claude ne chasse plus.
M.A.G.
Quau couneis pas nosto Julieto ?
Se n’es proun parla dins lei journau, à la radiò e memo à la télé.
Un béu jour, lou Jan-Glaude èro à la casso, se fasié uno batudo ei senglié. E dequé trovo au founs d’uno servo sens aigo ? Uno pichoto sengliero, uno nistouno de pas un quilò !
Poudié plus sourti, e plouravo… Ero tant poulideto que lou cor dóu cassaire trefaliguè.
Se meteguè en quatre pèr la sourti d’acqui, s’entournè vers éu pèr ié douna de la, ié fabriquè un bebeiroun coume pousquè. E la pichouno sachè lèu lou prene. La chino Syska, bono maire, i’a perèu baia la pousso.
Aquelo galavardo, la sounè Julieto ! lou seguissié d’en partout, coume un chin. Assajè, quand fuguè plus grando, de la pourta dins li bos, mai revenié cade cop.
Un jour, li gardo-casso soun vengu. Diguèron : « Avès pas lou dre de garda vers vous un animau sauvàgi. L’anen faire peta ».
Lou Jan-Glaude vouguè pas, alor lou verbalisèron. Jan-Glaude se defendiguè tant que pousquè : 30 milioun d’ami, la foundacioun Brigitte Bardot, de peticioun… Venguèron li journaliste. Se n’en parlè forço.
Fin finalo se troubè que lou proucès-verbau avié un vice de formo e Jan-Glaude fuguè autourisa pèr decisioun prefeitouralo de garda sa Julieto.
Avuro sabèn tóuti que faudrié pas l’embandi, amos lis ome e couneis rèn de la vido fèro.
Jan-Glaude i’a istala uno residènço princiero, emé l’aigo courènto (lou Biaroun ié travesso soun pargue) pèr gadouia tant que vòu.
Ié vènon de vesitaire tóuti lei jour, i’aduson de fru, d’aglan, de salado et de liéume…
Lou matin dejuno coume soun mèstre emé de madaleno ! A que lou blanc dou pòrri. Peto dins sa graisso. E manco de rèn… si belèu, que li calignaire podon pas passa la clotura eleitrica renfourçado de soun palais !
L.M.A.
Dans les années 90, un jour, deux dames belges débarquèrent dans le village et demandèrent à un habitant où se trouvait la tombe de l'abbé Bonneau dans le cimetière. Ce dernier était connu en Belgique pour faire de miracles, dirent-elles à leur interlocuteur éberlué. À Lachau personne n'était au courant.
On n'a pas su par la suite si une fois ces dames arrivées sur la tombe, leur vœu s'est réalisé.
M.A.G.
On le croirait sorti d’un spaghetti-western et pourtant…
Actuellement entreposé dans le bras nord du transept de Notre-Dame de Calma, le dernier corbillard à traction animale de la commune surprend le visiteur par son apparence. Simple plateau de charrette, la partie située derrière le siège du cocher est surmontée d’un dais supporté par quatre colonnettes hexagonales. Essentiellement fait de bois, réalisé par le dernier menuisier du village, Fernand RICHAUD, il est austère et minimaliste, sans décoration ou fioriture.
Matériellement, ce chariot n’a aucune valeur, celle-ci n’est pas quantifiable. Il est conservé par respect pour les anciens puisqu’il s’agit avant tout du souvenir du dernier voyage de leurs défunts.
Voilà plus de 60 ans que ce corbillard n’a pas servi. Depuis que les chevaux ont cessé d’être utilisés pour les travaux des champs.
La Poule a été une des dernières à y être attelée. Rien à voir avec la basse-cour : la Poule était une vieille mule blanche, enfin, théoriquement blanche… Elle avait la sale manie (et c’est peu de le dire !) de s’allonger sur sa litière, mais toujours sur le même flanc. À chaque fois que son service était requis pour tirer le corbillard, elle avait droit à une bonne douche avec brossage, mais ce n’était que partiellement efficace. Les badauds qui regardaient passer le cortège funèbre avaient une vision très différente selon le côté de la route où ils se trouvaient. Pour les uns, le corbillard était sagement tracté par une mule d’un blanc immaculé. Pour les autres, un animal d’une couleur indéterminée et improbable semblant sorti de l’Apocalypse de saint Jean entraînait son attelage vers le Jugement Dernier !
S.A.
L’Avent
C’est la saint André, le 30 novembre, qui détermine le début de l’Avent religieux, lequel débute toujours par le dimanche le plus proche avec pour résultat qu’il doit toujours y avoir 4 dimanches avant le jour de Noël.
Le 1er décembre est le premier jour du calendrier de l’Avent, cette invention d’origine germanique qui permet de patienter en attendant le 25.
Le 1er décembre était à Lachau le jour de la foire de la saint André.
Le 4 décembre, la sainte Barbe : ce jour-là, il faut semer du blé dans du coton (ou de la mousse) imbibé d’eau et le mettre dans un endroit chaud et lumineux. Un beau blé en herbe pour Noël sera de bon augure pour la récolte à venir. Ceux qui n’ont pas de blé peuvent aussi utiliser des lentilles, ou des graines de cresson.
Le saviez-vous ? Il existe une chanson vantant les splendeurs de Lachau.
D’origine incertaine, elle aurait été composée vers la fin du XIXe siècle ou au début du XXe. Elle a été publiée dans un des bulletins paroissiaux de 1939 sous le titre de «Chanson du vieux temps».
Les paroles ont été recueillies par l’Abbé Loche, sous la dictée de Louis Nepoty. La musique a été transcrite par Raphaël Leumeunier sous la dictée de Victor Audibert.
Refrain
Lachau charmant village
Tes vallons, tes hameaux
Et ton gai paysage
Et tes riants coteaux
Ta plaine si joli-e
Tes prés semés de fleurs
Tout y charme la vi-e
Procure le bonheur
Tout y charme la vi-e
Procure le bonheur
1er couplet
Au sein de vos montagnes
Fuyant loin des méchants
Je vins, car les campagnes
Calment les cœurs souffrants
Je choisis ma demeure
Chez vous, bons habitants
Et je trouvai sur l’heure
La douce paix des champs
Et je trouvai sur l’heure
La douce paix des champs
2e couplet
O paisible retraite
Objet de mes amours
Dans une paix parfaite
Je veux finir mes jours.
Et quand viendront les Parques
Et leur tranchant ciseau
J’aurai, plus qu’un monarque,
Des fleurs sur mon tombeau
J’aurai, plus qu’un monarque,
Des fleurs sur mon tombeau
3e couplet
Salut ! Sainte Chapelle
Bien chère à nos aïeux !
Sous ta voûte si belle
Je veux bénir mon Dieu.
Et toi, Vierge immortelle
Vénérée en ces lieux,
Guide en paix ma nacelle
Au rivage des Cieux.
Guide en paix ma nacelle
Au rivage des Cieux.
Avant le lancement du marché hebdomadaire en 2008, plusieurs foires saisonnières traditionnelles existaient à Lachau mais elles étaient progressivement tombées en désuétude et avaient disparu à l'aube des années 1990.
Leur grande époque se situe au XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle, avant la guerre de 1914-1918. Elles se tenaient dans des champs spécialement loués aux agriculteurs, à la Dondelle, c'est-à-dire entre le Chemin de la Pinié, la Route d'Éourres et le ruisseau du Biaron. Les marchands et forains venaient nombreux et attiraient la population de toute la vallée, du canton et au-delà ! On y vendait des bestiaux (moutons, bœufs...) mais aussi des chevaux. La foire se clôturait par une course de chevaux.
Bien que ces foires aient perdu de leur superbe après la Grande Guerre, elles n'en ont pas moins inspiré Jean GIONO (1895-1970) pour son roman Deux cavaliers de l'orage (publié en 1965).
La saint Barnabé, le 11 juin, dite Foire au Plants.
On y trouvait tous les plants destinés à être repiqués : céleris, betteraves rouges, courgettes, cornichons, poireaux, basilic... et même tomates pour les plus téméraires ! (en effet, les tomates avaient souvent des difficultés à mûrir à notre altitude, mais le réchauffement climatique commence déjà à modifier cet état de fait)
La saint André, le 1er décembre. (à noter: la date réelle de la saint André est le 30 novembre)
Les derniers marchands de vêtements sont venus jusqu'à la fin des années 1970.
La saint Thomas, le 20 décembre. (anciennement la saint Thomas était fêtée le 21 décembre)
C'est au cours de cette foire que les Chaupatiers achetaient la morue destinée au plat traditionnel du réveillon de Noël.
La Foire aux Agnelles, le deuxième samedi de septembre.
La plus récente et la moins pérenne : créée à la fin des années 1970, elle a cessé à la fin des années 1980 - début des années 1990.
Il s'agissait d'une foire agricole destinée aux professionnels, mais qui attirait de nombreux curieux. Les places de l'église et du monument aux morts étaient envahies de petits enclos où l'on pouvait admirer agneaux, agnelles et béliers reproducteurs. Les tractations entre éleveurs se déroulaient à l'ancienne, parfois même en "patois" et se concluaient à la table de l'un des deux hôtels-restaurants du village, encore en activité à l'époque.
Au bout de quelques années, la fréquentation a baissé au point que les organisateurs ont renoncé à maintenir l'événement. Étant une des dernières foires agricoles ovines de l'année, elle n'a pas supporté la concurrence de foires plus anciennes ou organisées plus tôt dans la saison.
S.A.
Tous les habitants du la commune connaissent le nom de la rivière qui traverse le village et passe sous le pont de «bois» et le pont de «pierre». Si on leur demandait d’écrire ce même nom, chacun donnerait une réponse différente, mais aucun n’aurait tort !
Car voilà l’originalité, selon le document que vous consulterez, vous trouverez une orthographe différente pour le même nom :
- la Lauzanche, sur les cartes de Cassini (XVIIIe siècle) ;
- l’Auzance sur les cartes d’état major (XIXe) et les cartes IGN (XXe) ;
- la Lausence sur un plan annexé à un jugement de la Cour de Grenoble daté de 1880 ;
- la Lauzance dans les documents administratifs du Département et sur le panneau de reconstruction du pont de juin 2019 ;
- la Lozance sur les plans cadastraux ;
- la Lauzence sur une villa qui porte ce nom dans la commune...
et cette liste est loin d’être exhaustive !
Se devant de faire un choix, la Mairie a décidé d’adopter l’orthographe du cadastre, Lozance, car cela permet de la distinguer des autres rivières portant le même nom et peut faciliter les recherches internet.
S.A.
Où sont-ils ? Car vous aurez beau chercher le long de la rivière, vous ne trouverez aucune passerelle de bois ou arche de pierre enjambant la Lozance.
Il s’agit en fait de l’ancienne appellation des 2 ponts situés dans le village, à proximité de la mairie.
Le pont de bois est le pont-passerelle en fer se trouvant juste à côté de la mairie et se prolongeant par le chemin du Temple.
Le pont de pierre est « l’ancêtre » du pont routier de la route d’Éourres, à côté de l’embranchement du chemin de la Pinié. Reconstruit à plusieurs reprises, sa dernière rénovation, au cours de laquelle il a été élargi, date de 2019 et a été réalisée par le Département de la Drôme.
(vous trouverez une photo de l'arche en pierre dans l'onglet Cartes postales et photos anciennes)
Même si aucun panneau ne le signale, le chemin de terre battue servant d'aire de jeux de boules qui se trouve entre les ponts a été officiellement baptisé Allée du Pont de Pierre au Pont de Bois en 2007 (voir l'onglet Plan des rues du centre village dans la section Infos pratiques).
S.A.
L'oratoire de Saint-Antoine, situé à la fourche des chemins de Rioufret, des Mourrelières et de Claret (voir l'article sur les oratoires dans l'onglet Autres édifices et monuments), a été dépouillé de sa statue à la fin des années 1980.
Chagriné de voir la niche vide, un administré offrit une nouvelle statue réalisée par ses soins. Le nouveau saint, de facture naïve, fut rapidement installé.
Bien que soigneusement peinte et vernie, la nouvelle statue ne résista malheureusement pas longtemps aux intempérie et aux écarts de température : au bout de 2 hivers, la couche de vernis s'était fissurée et l'argile avait éclaté.
Entretemps, la statue d'origine était «réapparue» ! Retrouvée en plusieurs morceaux, plus d'un an après sa disparition, dans le fossé à côté de l'oratoire. Une fois réparée, elle put réintégrer sa niche, d'où elle n'a plus bougé depuis.
Personne n'a eu le fin mot de ce qu'il était advenu de saint Antoine pendant la période de sa disparition, mais nul doute qu'il avait été dérobé par un petit plaisantin qui avait dû être pris de remords...
S.A.
En avril 2008 les Chaupatiers ont eu la surprise de découvrir dans les champs une cigogne qui avait fait escale pour quelques jours dans leur commune.
Certains disent l'avoir aperçue l'année suivante, mais ils n'ont pas pu vérifier si c'était le même individu.
M.A.G.
De nouvelles sources indiquent que cette cigogne a été vue régulièrement, c'est-à-dire quasiment chaque année, en divers points de la commune. Elle a dernièrement été aperçue dans la vallée la semaine du 15 avril 2019.
Il semble donc que notre voyageuse continue à faire étape aux alentours de Lachau pendant sa migration de printemps !
Il est de notoriété qu'une des chambres du château du village aurait été occupée par l'évêque du diocèse lors d'une visite dans la paroisse pendant l'Ancien Régime.
Malheureusement, il est difficile de dire de quelle chambre il s'agit : chacun des propriétaires actuels revendiquant la "chambre de l'évêque" comme étant une pièce dans la partie qui lui appartient !
S.A.