Village de Lachau
Village de Lachau
Vue du chateau et de l'église © Dobeuliou
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Village de Lachau


Un panorama démographique de la commune de Lachau à travers le recensement de la population effectuée en 1836

► voir la page de garde du recensement de Lachau de 1836

Histoire générale des recensements de population.

L'idée de faire des recensements de population à l'échelle de la France est née sous le Roi Louis XIV avec :
• l'enquête de Colbert en 1664,
• «  la Méthode générale et facile pour faire le dénombrement des peuples » de Vauban parue en 1686.

Un certain nombre de recensements était alors réalisé par feux (ou foyers) : celui de 1774 a été le premier à présenter des listes nominatives des habitants.
Sous la Révolution, le décret des 19-22 juillet 1791 imposait aux municipalités de tenir un registre des habitants et de le mettre à jour chaque fin d'année. Des circulaires ministérielles et des instructions préfectorales précisaient les principes et les méthodes des dénombrements et rappelaient aussi la nécessité pour les maires d'effectuer les opérations de comptage des habitants le plus exactement possible. En effet, le chiffre de la population servait de base pour :
• calculer l'assiette des impôts : contributions foncière et mobilière, patente, portes et fenêtres...
• définir l'organisation administrative et la politique municipale : nombre d'adjoints et de conseillers, nombre de circonscriptions électorales,...


En 1836, les recensements nationaux ont été ensuite dressés tous les 5 ans, sauf pour celui de 1871 (pour cause de guerre franco-allemande) repoussé en 1872 et à l'exception des années de guerre (1916 et 1941).
Ils donnaient lieu après collecte des bulletins particuliers à l'établissement de listes nominatives en double exemplaire :
• l'une pour la préfecture,
• l'autre restant en commune.

Le 1er recensement de Lachau en 1836 a été réalisé par le maire de Lachau Jean-Paul GAUTIER (cultivateur) le 07/07/1836. Ce document met en évidence une population de 737 habitants dont la répartition par sexe était la suivante :

Sexe masculin

Garçons et adultes célibataires

Hommes mariés

Veufs

183

155

22

Sexe féminin

Filles et adultes célibataires

Femmes mariées

Veuves

185

155

37

Pour une population de Lachau de 737 habitants répartis dans 177 ménages il y avait :

  • enfants et adultes célibataires = 368
  • adultes mariés = 310
  • veufs et veuves = 59
  • paralysés et infirmes = 4

Nombre d'enfants qui n'étaient par les leurs étaient élevés par des parents nourriciers contre une rémunération. Il y avait 2 sortes de parents nourriciers qui étaient les suivantes :

  1. ceux qui élevaient un enfant confié par ses parents biologiques souvent dès sa naissance et allaité avec les enfants de la famille nourricière, ce qui permettait à la mère nourricière de rester au foyer, d’avoir une source de revenu et d’élever son enfant à son domicile en même temps,
  2. ceux qui élevaient des enfants trouvés et confiés par les préfectures ou provenant des maisons religieuses qui ont récupéré des enfants bien souvent sur leurs porches ou lors d'accouchements de femmes célibataires n'ayant pas souhaité leurs grossesses bien souvent subies ou contraintes.

Quand on compare la mortalité des enfants, celle de ceux en nourrice était plus élevée que celle de ceux élevés par leurs parents.

Sur cette population de 737 habitants il y avait :

  • 292 personnes en activité professionnelle,
  • 1 maire,
  • 1 notaire,
  • 1 militaire en activité,
  • 1 militaire en retraite,
  • 1 bourgeois : la bourgeoisie comme corps social s'est constituée au cours du XIXe siècle, d'abord sous la Restauration (1815-1830) où la noblesse a tenté une dernière fois de reprendre le pouvoir politique : l'opposition bourgeoise s'est affirmée lors de la révolution de 1830 et a triomphé sous la monarchie de Juillet (1830-1848). Néanmoins si elle a été encore unie avec le monde ouvrier lors de la révolution de Février 1848, la rupture est intervenue au moment des Journées de Juin 1848.

Le service communal.

Maire - nombre = 1
Voir l'article « Les maires de la commune de Lachau du XVIIIe siècle au XIXe siècle » sur le site.

Notaire - nombre = 1
Voir l'article « Les notaires du XVIIIe siècle au XIXe siècle » sur le site.

Garde champêtre – nombre = 1
C'est sous le règne du Roi Louis XIV que ces gardes avaient, en plus de la surveillance des récoltes, la mission de contrôler le « droit exclusif de chasser », en vertu de l'ordonnance royale de 1669. Ces gardes étaient gérés par une administration spéciale appelée « capitainerie » dans les seigneuries les plus importantes. Appelés « Baugards », « Gardes Champs », « Gardes Messiers », « Sergents de Verdure » ou « Gardes Champêtres », ces agents chargés de surveiller les territoires de chasse des seigneurs ainsi que les récoltes, étaient poussés par leurs maîtres à exercer une police impitoyable envers les braconniers, les glaneurs et les pécheurs. Leur comportement à l'égard des contrevenants leur valait une totale impopularité de la part du monde paysan qui, à l'aube des États Généraux de 1789, pria d'être délivré des garde-chasses et des capitaineries.
À partir de 1820, une certaine stabilité s'instaura dans la mise en place des gardes champêtres qui restaient plus longtemps en fonction même si connus de toute la population rurale, ils étaient appréciés par certains et décriés par d'autres. Dès 1822, les gardes champêtres se sont vus doter de fusils ou pistolets comme la Gendarmerie – confer le dessin ci-contre.
Le garde-champêtre était donc en quelque sorte un policier rural et avait diverses attributions visant à maintenir l’ordre dans le village et la commune :

  • veiller à la conservation des propriétés rurales, des récoltes, des voiries et des plantations d'arbres ;
  • rechercher les malfaiteurs, les vagabonds et les déserteurs ;
  • arrêter et conduire devant la justice tous les individus pris en flagrant délit ;
  • signaler au maire ou à la police tous les crimes et délits dont ils avaient connaissance ;
  • maintenir sur l'autorité du maire l’ordre et la tranquillité dans le village et la commune ;
  • constater les délits de chasse et de pêche, la fraude et la contrebande sur les poids et les mesures, le sel, les boissons, le tabac, les poudres à feu et les cartes à jouer (sur lesquelles l’État avait alors un monopole).

Il est conseillé de consulter sur Gallica un document très intéressant qui permet d’en savoir plus sur le rôle et les attributions du garde-champêtre au XIXe siècle : Guide pratique du garde-champêtre (3ème édition) par Hallez-D’Arros. Voici comment la profession de garde-champêtre était décrite par M. Henrion de Pansey d’après l’ouvrage précité : « Un garde champêtre doit avoir une grande exactitude, une infatigable activité, une vigilance difficile à tromper, un désintéressement qui le mette au-dessus de la corruption ; il doit avoir quelques notions relatives à la police des campagnes, des idées assez nettes pour rédiger clairement un procès-verbal ; enfin assez de droiture pour que, dans l’exercice de ses fonctions, il ne se laisse influencer ni par des haines particulières, ni par des affections personnelles. »

Le métier de garde-champêtre nommé par le préfet, sur proposition du candidat par le maire, avait donc une position importante dans la commune qui ne pouvait être confiée qu’à une personne digne de confiance. Il devait donc être quelqu’un de droit, estimé (du moins par les autorités), en bonne condition physique et être instruit, sachant lire et écrire puisqu’il devait rédiger de nombreux procès-verbaux.

 

Officier de santé – nombre = 2
L’« Officier de santé » désignait une personne qui exerçait la profession médicale sans le titre de docteur en médecine.

  1. Les décrets des 28 juin et 8 juillet 1793 relatifs « à l’organisation des secours à accorder annuellement aux enfants, aux vieillards et aux indigents » ont créé un corps d'officiers de santé. Les textes précisaient qu'« il sera établi près de chaque agence un officier de santé chargé du soin de visiter à domicile et gratuitement tous les individus secourus par la nation, d’après la liste qui lui sera remise annuellement par l’agence. » Cette disposition très « » a permis la pratique de la médecine sans distinction de diplôme, a induit une confusion au sein de la population et faire progresser la désertification médicale des campagnes et le charlatanisme.
  2. La loi du 19 ventôse an XI (10 mars 1803) a créé 2 niveaux dans les professions de santé :
    • celui des médecins et chirurgiens diplômés de la Faculté,
    • celui des officiers de santé, appelés "second ordre" dont le grade était ouvert à des praticiens qui ne possédaient pas le baccalauréat mais qui avaient fait valider leur pratique par un jury départemental remplacé ensuite par un jury universitaire. Cette loi de 1803 était un compromis entre l’Ancien Régime et la Révolution car « Nul ne peut après la loi du la loi du 19 ventôse exercer la médecine ou la chirurgie sans avoir été reçu docteur. Sauf dans les campagnes déshéritées où les « officiers de santé » créés comme palliatif pratiquaient avec un bonheur inégal jusqu’en 18921, ils ne purent, jusqu’en 1855, pratiquer la médecine et n’avaient pas le droit d’effectuer certains actes et ne pouvaient pas avoir accès aux fonctions de médecin hospitalier ou d’expert.

L'officier de santé pratiquait des accouchements, des saignées, des vaccinations, des réductions de fracture, des sutures, des arrachages de dents, constatait les décès et fournissait des drogues contre les maladies.
La loi du 21 germinal an XI article 27 donna autorisation aux officiers de santé établis dans un bourg ou un village où il n’y avait pas de pharmacien, de fournir des médicaments, simples ou composés aux personnes près desquelles ils étaient appelés, mais sans avoir le droit de tenir une officine ouverte, et ceux-ci étaient les suivants :

  • Bismuth : antiseptique intestinal, antidiarrhéique.
  • Bromure de potassium : contre les maladies neurologiques " il diminue ou émousse l’excitation psychomotrice en affaiblissant les phénomènes d’irradiation dans l’écorce cérébrale ",
  • Calomelchlorure mercureux " le calomel exerce une action purgative, péristaltogene, cattorrogene, sans coliques, mais parfois avec nausées. Employé comme purgatif et vermifuge, antiseptique intestinal et antidysentérique, cholagogue, diurétique, très utile en cas de fermentation intestinale pour désintoxiquer rapidement (fièvre typhoïde, dysenterie, grippe intestinale etc.). Chez l’enfant c'est un médicament de choix contre l’embarras gastrique et les vers intestinaux et comme topique dans de nombreuses dermatoses",
  • Confiture : bien souvent de coing comme astringent,
  • Eau de fleurs d’oranger"Antispasmodique dont l’usage prolongé peut provoquer de l’excitation.",
  • Eau de mélisse"Contre les vertiges et les syncopes - Stomatique et antispasmodique stimulant",
  • Ether sulfurique (oxyde d’éthyle) : préparation à base d’acide sulfurique : "A l’extérieur en application locale comme analgésique, en pulvérisation comme anesthésique local. A l’intérieur antispasmodique sédatif, stimulant dans les cas de syncopes, de collapsus, d’asystolie, sous forme d’injections hypodermiques",
  • Laudanum : préparation à base d’opium macéré "analgésique contre les colites intestinales, les douleurs abdominales ou utérines, calmant la toux, il entrave l’expectoration et, pour cette raison, il ne doit être employé qu’avec réserve chez les vieillards, les tuberculeux avancés, les cachétiques",
  • Magnésie (sulfate de) purgatif "anti acide à faible dose pour neutraliser l’hyper acidité stomacale",
  • Miel : sert à sucrer, mais aussi en lavement. "A dose élevée il est laxatif, il sert à la préparation du sirop de miel ou mellite, et de différents mellites officinaux, il est employé comme excipient ",
  • Moutarde (cataplasme, sinapismes) : "Antiscorbutique, révulsif contre certaines manifestations douloureuses (névralgies) dans les états inflammatoires (congestions pulmonaires, bronchites aiguës etc.)",
  • Quinine (sulfate de) : "Stimulant l’appétit chez l’homme sain et spécifique contre les accidents du paludisme, antithermique dans les cas infectieux principalement la grippe, la coqueluche, et étant un sédatif nervin dans le traitement des névralgies, de la migraine",
  • Sangsues :"Genre d’hirudinées qui vivent dans les eaux stagnantes et que la médecine emploie pour les saignées locales",
  • Sedlitz (sel de) : « magnésie, purgatif »,
  • Sinapisme Rigollot : " Sinapisme à feuilles (papier moutarde et papier Rigollot) et à tremper la feuille dans de l’eau tiède et appliquer sur la peau",
  • Vésicatoires :"Médicament externe qui fait naître des vésicules sur la peau",
  • Vin blanc comme diurétique "vin blanc à l’écorce de sureau et vins médicinaux préparations qui résultent de l’action du vin sur une ou plusieurs substances médicamenteuses contenant des principes solubles dans ce véhicule",
  • Vinaigre : antiseptique ou, comme médicament liquide, mélangé avec du miel pour faire de la mélitte scillitique.

L'instituteur – nombre = 2
L'enseignement primaire des écoles des communes était régi par la loi du 2 janvier 1833 présenté par François Guizot (1787-1874), ministre de l'Instruction publique sous la Monarchie de Juillet. Les notions de cette loi qui était la première étape de l'éducation pour tous en France étaient les suivantes :

  • enseignement primaire public et gratuit pour les enfants des familles pauvres (un sur trois environ) ; pratiqué le plus souvent dans une classe unique, sans souci des niveaux, il permettait aux enfants les plus faibles d'être soutenus par les autres,
  • aucune obligation aux parents d'envoyer leurs enfants à l'école,
  • pas de référence au sexe des élèves, ce qui sous-entendait qu'il s'agissait aux garçons et aussi des filles,
  • obligation pour chaque commune de devenir propriétaire d'un local d'école, de loger et d'entretenir un ou plusieurs instituteurs et d'instruire tous les enfants en échange d'une rétribution mensuelle des familles,
  • accélération de la création des Écoles normales créées pour la formation des instituteurs dont les premières étaient sous la Révolution pour remplacer les curés dans leur fonction d'enseignement,
  • précision du contenu de l'enseignement : l'instruction morale et religieuse, la lecture, l’écriture, les éléments de la langue française et du calcul, le système légal des poids et mesures,​ 
  • consultation obligatoire des vœux des pères de famille en ce qui concernait la participation de leurs enfants à l'instruction religieuse, 
  • interdiction des châtiments corporels.

Confer la caricature de Daumier2 ci-contre.

Dans un pays où un adulte sur deux était encore analphabète, la loi Guizot a contribué de manière décisive à répandre l'instruction. Elle a été complétée sous :

  • le règne de Napoléon III, dans les années 1860, par l'action législative du ministre Victor Duruy (1811-1894),
  • et sous la IIIe République, dans les années 1880, par celle de Jules Ferry (1832-1893).

Le desservant du culte catholique – nombre = 1
Un desservant était une catégorie de curés à la tête d'une paroisse. Sous l'Ancien Régime, un prêtre qui accomplissait les fonctions paroissiales dans une paroisse vacante, ou dont le curé était suspendu ou interdit, était dénommé « desservant » ; il était le vicaire, ou économe-curé.

Après le Concordat de 1801, le nom de "desservant" a été appliqué à une 2ème classe de curés qui étaient nommés par l'évêque sans la sanction du gouvernement, mais pouvaient également être retirés à tout moment par l'évêque. Cette institution devait son origine à la coutume plutôt qu'à la loi bien que plus tard elle ait été entièrement légalisée.

Le secteur agricole

Cultivateur - nombre = 197
La dénomination "cultivateur" était employée comme synonyme de paysan ou d'agriculteur. En effet, au XIXe siècle, les recensements statistiques nommaient cultivateurs les personnes ou chefs de familles vivant principalement de l'exploitation de leurs modestes propriétés agricoles ou de la tenue d'un train de culture dans le cas de la location de terre en fermage ou en métayage. - confer ci-contre un exemple de labourage au XIXe siècle par Marie-Rosalie Bonheur, dite Rosa Bonheur (1822-1899) peintre et sculptrice française spécialisée dans la représentation animalière.

Le berger – nombre = 16
Un berger (au féminin : bergère) était une personne chargée de guider et de prendre soin des troupeaux de moutons ou par extension de bétail (ex. : berger à vaches ; également appelé bouvier ou vacher), dans les prairies ou les zones montagneuses ; il était souvent aidé par un chien de berger. Le mot est issu d'un latin vulgaire *vervecarius (attesté sous les formes birbicarius « pâtre, berger » vers 600 et berbicarius en 698). Ce mot est dérivé du latin vervex, signifiant brebis.
Dans l'art et l'iconographie, le berger ou la bergère étaient très souvent représentés avec leur attribut traditionnel : la houlette qui était une canne spécifique, mais le simple bâton était largement employé dans l'activité de berger.
Bien souvent ces bergers et bergères étaient des enfants et adolescents, parfois placés dans des familles d'accueil car abandonnés ou orphelins – confer le tableau de Léon Brard3 ci-contre.

Le secteur du transport.

Le voiturier qui s'appelait aussi roulier – nombre = 8
Le voiturier, ou roulier, était un transporteur de marchandises au moyen de chevaux, de charrettes ou même d'une diligence. Souvent, il était propriétaire de son véhicule. Le voiturier devait veiller à ce que les marchandises qu'il transportait étaient accompagnées d'une lettre de transport qui détaillait les marchandises transportées, l'identité du transporteur qui les déplaçait, les conditions dans lesquelles elles devaient être transportées, l'identité de l'expéditeur des marchandises et celle du destinataire – confer la lithographie ci-contre par Charles-François Daubigny (1817-1878) peintre et graveur français.

Le maréchal-ferrant4 – nombre = 3
Le maréchal-ferrant dont le métier avait plus de 3 000 ans d’âge était chargé de poser des fers sur les chevaux et les animaux de trait. Cela incluait la taille, l'équilibrage et le placement des fers sur leurs sabots des animaux. Il avait besoin de compétences de forgeron (fabrication, adaptation et réglage de fers en métal), et de vétérinaire (tels : la connaissance de l’anatomie et de la physiologie des membres inférieurs de l’animal). Travaillant normalement dans une position à demi-accroupie, il avait besoin d'une bonne force physique pour soulever et maintenir les pattes de l'animal en place. - confer la lithographie ci-contre.
De nombreux ouvrages ont vu le jour sur le métier de la maréchalerie : Traité du pied du cheval de H.Bouley, 1854 ; Traité de maréchalerie vétérinaire de A.Rey, 1865... – confer la page de garde de ce 2ème traité ci-contre.

Le secteur du pain.

Meunier – nombre = 1
C'était une personne qui possédait ou qui exploitait un moulin ou une minoterie dont la profession était de fabriquer la farine de céréales en transformant le grain qu'on lui apportait en farine et parfois même à la livrer. Mais en aucun cas, il ne pouvait vendre directement sa mouture. Il supervisait toutes les nombreuses opérations (choix et mélange de différentes variétés de blé, type de meule et la mouture du grain). Ensuite, il emballait la farine, la pesait, l’entreposait au besoin et en tirait des revenus.

Fournier à pain – nombre = 2
Avant 1789, les paysans étaient tenus de faire cuire leur pain en un four dit «banal» parce qu’il appartenait au «ban», au fief. Le seigneur du lieu donnait ce four en location à un fournier, «l’homme du four» qui, bien sûr, prélevait à chaque cuisson une redevance, le droit de «fournage». Le fournier se contentait donc de cuire le pain amené par les habitants au four banal dont la gestion était confiée au fournier.
Le coût de la cuisson représentait environ une tourte pour une quinzaine mises à cuire. Les villageois devaient marquer leur pain en indiquant le jour du dépôt et donner une bûche de bois pour le cuire. Le fournier était donc le premier spécialiste de la cuisson du pain. A l’époque, des crieurs annonçaient dans les rues que le four était chaud.

Le secteur de la construction des bâtiments.

Fabricant de tuiles – nombre = 2
Depuis que l'homme a choisi de construire son habitat, il lui a fallu choisir un mode de couverture du toit et aussi un mode d'isolation des murs. Dès le Moyen Age, le bois qui se trouvait dans les grandes forêts était un matériau tout indiqué pour ses propriétés isolantes performantes. La tuile et l'ardoise ne sont apparues qu'au XIXe siècle pour recouvrir les demeures du peuple, mais elles étaient utilisées depuis longtemps pour recouvrir les toitures des châteaux et des gentilhommières.

Selon le « Dictionnaire géographique, historique, industriel et commercial de toutes les communes de la France » (consultable sur Gallica), les tuileries étaient situées à un endroit où toutes les conditions étaient réunies pour la fabrication de tuiles : un sol argileux, un cours d’eau et la forêt. Le bois servait à alimenter les fours à tuiles qui devaient pouvoir chauffer pendant plusieurs jours d’affilée. Les tuiliers avaient donc besoin de très grandes quantités de bois. Alors, en hiver, lorsque l’eau était gelée, les tuiliers se transformaient en bûcherons pour amasser le bois qui servaient, le printemps venu, à alimenter les fours. - ci-contre une lithographie de tuilerie au XIXe siècle.

Maçon – nombre = 4
Le maçon travaillait dans la construction de bâtiments avec une combinaison de pierres et de briques qu'il façonnait parfois avec un tailleur et les posait avec du mortier. - confer le dessin ci-contre.

Le secteur de l'artisanat

Cordonnier – nombre = 7
Le cordonnier était un artisan qui fabriquait et réparait les souliers et les bottes, et n’importe quel autre type de chaussures. Il savait faire, de ses propres mains, toute la chaussure, de la semelle jusqu’à l’empeigne. Il était tailleur, monteur, couturier et polisseur. - confer l'iconographie ci-contre.
Certains cordonniers vendaient leurs chaussures à des marchands, mais la majorité d'entre eux vendaient leurs propres chaussures, soit de leur atelier, soit en faisant du porte-à-porte. Ces cordonniers dont certains itinérants étaient particulièrement populaires, car leur produit était très demandé, mais aussi parce que beaucoup d’entre eux avaient la réputation d'être des bons raconteurs.

Menuisier – nombre = 3
Artisan qui fabriquait des portes, des fenêtres, mais aussi des meubles comme l’ébéniste- confer l'iconographie ci-contre.

Tisserand à toile – nombre = 5
Un tisserand est un artisan qui tissait divers types de fils (lin, coton, chanvre...) pour en faire des étoffes. En tapisserie, il était un créateur d'œuvres textiles tissées qui savait tisser des tissus ou des étoffes à la main ou à la machine. C'était un artisan qui travaillait sur un métier à tisser des étoffes et des tapisseries. L’objectif principal du métier à tisser était de maintenir les fils de chaîne sous tension afin de faciliter l’entrelacement des fils de trame. - confer le tableau de Paul Sérusier5 ci-contre.
Appelé aussi « tissier » ou, en patois, « faiteux de touaile », le tisserand avait un rôle important car la toile qu’il fabriquait servait à la confection du linge et à des vêtements. La plupart du temps il s’agissait d’étoffe très grossière utilisée dans les campagnes mais aussi en ville.
Il travaillait un mélange de laine et de fil de chanvre qui donnait une étoffe à la fois très robuste et très ordinaire à raies ou unies qui servait à la confection des vêtements.
Les tisserands devaient tisser dans un endroit humide en aucun cas dehors pour que les fibres restaient suffisamment souples à travailler.
La mécanisation du tissage au XIXe a fait disparaître ces artisans à domicile et certains d'entre eux sont allés travailler dans les manufactures.

Le tailleur d'habits et la tailleuse d'habits – nombre = 10
C’est en 1588 que le métier de « Tailleur d’Habits » a fait son apparition en France « avec pouvoir de faire tous les vêtements d’homme et de femme sans aucune exception ». Le tailleur d'habit était un petit artisan de la campagne ou d'un bourg, qui se déplaçait et travaillait dans un périmètre local. Il rapiéçait les vieux habits ou les accommodait notamment à la taille des enfants.
En résumé, le tailleur coupait, cousait, fabriquait et vendait des vêtements pour réaliser à partir d'une étoffe les pièces nécessaires à la confection d'un vêtement et lui donner la largeur et la longueur requises afin qu'il puisse être porté par la personne – confer le tableau d’Albert Anker6 ci-contre.
A l’origine, la couture était une activité réservée aux hommes. Les femmes se contentaient de réparer ou de faire de légères retouches et on les appelait les "lingères" ou les "couseuses". Jugeant que les femmes avaient aussi le droit d’habiller leurs semblables, Louis XIV constitua en 1675 un corps de maîtrise sous le nom de "Maîtresses Couturières". Ainsi naquit la Compagnie des maîtresses couturières.

Le secteur du commerce.

Marchand – nombre = 3
Ce métier concernait diverses fonctions de vente de produits qui étaient notamment les suivants : viande principalement de porc cuite débitée en morceaux (la vente de viande crue était du domaine du boucher), épices, café, sucre, boissons (vins et spiritueux), volaille et œufs, lait, crème fraîche et fromages cuits et crus, pain, légumes, bougies, cierges, et chandelles, etc. Ci-contre le dessin d'une échoppe d'épicerie au XIXe siècle.

Débitant de tabac – nombre = 1.
C'était celui qui débitait en détail le tabac râpé ou en carotte. Il achetait le tabac en gros aux bureaux généraux où on les vendait. Il était défendu à qui que ce soit de débiter du tabac sans une permission expresse de l'administration de l’État.
La vente de tabac dans des débits ne datait pas du XIXe siècle : le premier débit connu, « la civette », du nom d’un petit rongeur dont le musc était apprécié en parfumerie, remontait à 1716. Ces commerces étaient parfois signalés par une statue de Turc fumant le chibouque ou par une « carotte »7, paquet de feuilles attachées ensemble afin d’être râpées et consommées en prise.
Au XIXe siècle, la fabrication et la vente du tabac étaient assurées dans le cadre d’un monopole d’État, remontant à l’Ancien Régime et en 1810. Napoléon Ier créa la Régie des Tabacs. En 1815, 11 manufactures traitaient 9 000 tonnes de tabac par jour.
Le tabac utilisé provenait de France pour une petite part mais l’essentiel venait, avec la reprise des relations commerciales après le blocus continental imposé par l’empereur, des États-Unis (Virginie) et du Proche-Orient.

Confer la caricature de Daumier ci-contre.

Les débitants qui étaient de simples commerçants, étaient des agents de l’administration chargés de la vente des produits de la Régie et, à ce titre, ils étaient soigneusement recrutés et étroitement surveillés. Assez rémunérateur, le poste était souvent confié à d’anciens militaires, à leurs femmes ou à leurs veuves, à leurs enfants, à d’anciens fonctionnaires ou à des personnes qui, disaient les textes, « auront accompli dans un intérêt public des actes de courage ou de dévouement ».

L'aubergiste – nombre = 4
L’aubergiste était une personne qui avait :

  • soit une maison meublée comme une ferme,
  • soit une auberge,
  • soit un cabaret,
  • soit un petit hôtel pour loger et nourrir les voyageurs et les passants,
  • soit un hébergement familial selon la formule " lit et déjeuner ",
  • soit une pension familiale pour ceux qui n’avaient point de ménage établi avec des services de restauration partielle ou complète dans une ambiance accueillante et familiale. -

Confer le tableau d'une auberge par George Fraser8 ci-contre.

Seule ou en collaboration avec le personnel qui l'assistait, l'aubergiste s'occupait de la promotion des services de l'établissement, des réservations, de l'accueil, de l'entretien des lieux, de la gestion des approvisionnements, de l'élaboration des menus et de la préparation des repas.

Pour avoir une idée sur le travail et l'ambiance des auberges en province, il est conseillé de lire l'ouvrage « L'aubergiste » (1841) de Louis Amédée Eugène Achard (1814-1875) journaliste, dramaturge et romancier français, consultable sur la Bibliothèque électronique de Lisieux.

Le secteur des services

Domestique – nombre = 18
Les ménages embauchaient des domestiques pour des raisons différentes : participation au labeur agricole, à la production marchande (dans les cafés, épiceries, auberges et restaurants), surveillance de la propriété, charge des enfants, travail ménager.
À ces divers travaux correspondaient des salaires variés, bien que généralement en bas dans l’échelle des revenus régionaux. La comparaison avec d’autres professions des classes populaires montre en effet que la part en « nature » de la rémunération est déterminante pour savoir si une place est « bonne » ou non.
Il est difficile d’avoir une vue précise de la situation de ces domestiques car, par exemple, les journaliers étaient déclarés soit ouvriers (agricoles ou non), soit domestiques ou valets de ferme dans les recensements.
Quoi qu’il en soit, tout en bas de l’échelle les domestiques ruraux étaient en fait des travailleurs au sens de productifs comme : manouvriers ou journaliers agricoles, et valets et servantes de ferme. Tout en haut de l’échelle, il y avait les dames de compagnie, les précepteurs, les gouvernantes, les maîtres d’hôtels. Entre ces deux catégories, il y avait la servante appelée « la bonne » (terme qui se répandait vers 1830/1850) et que l’on appelait auparavant « soubrette » (terme qui désigne en fait une petite servante), le valet, la cuisinière, la femme de ménage…
Le recrutement des domestiques agricoles s'effectuait notamment lors de foires où les exploitants faisaient leur marché lors des louées de la St Jean (24 juin) et de la St Martin (11 novembre). André Guérin (1899-1988) ; journaliste et écrivain, explique dans « La Vie quotidienne en Normandie au temps de Madame Bovary » à propos des femmes se présentant à la Louée de Montebourg en Normandie : « Elles sont venues dès l’aube s’asseoir sur les marches de l’église, sous la statue de Saint Jacques, couronnées de roses. Celles-ci ne sont point trop attifées, cela ne pourrait ne pas plaire, mais bien plus soucieuses de montrer qu’elles se portent bien et n’ont pas peur de l’ouvrage. Au besoin, on peut leur tâter le bras comme on tâte les flancs et les membres d’un bestiau, ceci pour s’assurer qu’elles seront aptes à porter des seaux de lait … ».
Ces personnes revêtues modestement attendaient qu'on leur adresse la parole. Elles présentaient leurs mains calleuses ; plutôt que d'y étaler une toilette hors de saison, le mantelet classique et le mouchoir sur la tête étaient leur parure. Les plus robustes, leurs certificats présentés de leur moralité et de leurs états de services, étaient souvent les premiers loués. Le prix convenu, les derniers adieux étaient aussitôt donnés, maîtres et domestiques s'en retournaient ensemble ».

Le « Manuel complet des domestiques Manuel complet des domestiques » de 1836 demandait aux domestiques « une obéissance portée jusqu’à l’abnégation, une fidélité scrupuleuse, un zèle de tous instants, une discrétion à toute épreuve, l’ordre, le désintéressement ». Des qualités que « les maîtres ont le droit d’exiger de leurs domestiques et qu’ils exigent tous à moins que ce ne soit des gens faibles, insouciants, sans esprit et sans caractère, qui ne savent pas se faire servir ». - confer la page de garde Le « Manuel complet des domestiques Manuel complet des domestiques » de 1836 – confer ci-contre la page de garde de ce document.

Edmond et Jules Goncourt9 dans leur « Journal » de 1860 ont écrit : « Le service est dur, presque cruel en province. La servante n’est pas traitée en femme ni en être humain. Elle ne sait jamais ce qu’est la desserte d’une table. On la nourrit de fromage et de potée et on exige d’elle, même malade, un labeur animal. Je crois que si le luxe amollit l’âme, il amollit bien aussi le cœur ». 

Conclusion.

Ce recensement de 1836 permet ainsi de présenter un panorama le plus complet possible de la commune de Lachau dans la 1ére partie du XIXe siècle. C’était une population qui vivait essentiellement de la production agricole et de l'élevage. Elle travaillait sur des propriétés de superficie assez petite permettant bien souvent l’autosubsistance.

Bonne lecture à toutes et tous et merci.

C.A.M.

1 L’officiat de santé fut aboli en 1892 

2 Honoré Victorin Daumier (1808-1879) était un graveur, caricaturiste, peintre et sculpteur français, dont les œuvres commentaient la vie sociale et politique en France au XIXe siècle. Dessinateur prolifique, auteur de plus de 4 000 mille lithographies, il est surtout connu pour ses caricatures d'hommes politiques et ses satires du comportement de ses compatriotes. Il a changé la perception que nous avons sur l'art de la caricature politique. La valeur de son œuvre peinte, quelques 500 tableaux, a elle aussi été reconnue, bien qu’à titre posthume seulement : Daumier est considéré de nos jours comme l'un des plus grands peintres français du XIXe siècle.

3 Léon Brard,né Léon Antoine Brard (1830-1902) est un peintre et céramiste français.

4 Saint Éloi (saint patron de la corporation).

5 Paul Sérusier (1864-1927) est un peintre postimpressionniste français.

6 Albert Anker (1831-1910) est un illustrateur et peintre suisse. On l'appelle souvent le « peintre national » de la Suisse en raison de ses représentations populaires de la vie rurale de son pays au XIXe siècle.

7 La carotte est une enseigne rouge que l'on trouve en façade des débits de tabac. Il s'agit d'une obligation légale depuis 1906.. C’est une évocation de la vente du tabac telle qu’elle se faisait au XVIe siècle. En effet, le tabac était vendu en feuilles que l’on mâchait ou que l’on fumait. Ces feuilles n’étaient pas rassemblées en paquets, mais en petits rouleaux ficelés (qui devaient être râpés aux extrémités), ressemblant à des carottes. Depuis, l’usage du tabac, désormais tassé dans des cigares ou des cigarettes, a changé, mais le symbole est resté.

8 Alexander George Fraser (1786-1865), peintre écossais qui exposa ses peintures à la Royal Academy de Londres pendant de nombreuses années.

9 Edmond de Goncourt (1822-1896) et Jules de Goncourt (1830-1870) sont deux écrivains, romanciers, historiens et diaristes français du XIXe siècle classés dans l'école naturaliste (précurseurs du mouvement ensuite théorisé par Emile Zola).

 

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