« L'indigence chagrine a pu hésiter à recevoir le potage qui lui était offert mais elle ne refusera pas de vêtir le linge blanc bien odorant et salubre. Sa soupe diffère de celle du riche, son blanchissage n'en diffère pas ».
Citation de Antoine- Alexis CADET DE VAUX en 1805 - chimiste et pharmacien (1743 – 1828).
Origine du lavoir.
À l'origine le lavoir, qui était sans abri, était une pierre plate ou une simple planche posée au bord d'un cours d'eau, d'une mare ou d'une source. La pollution due à la révolution industrielle, et l'hygiénisme entraînent le développement de constructions spécifiques de lavoirs au 19ème siècle qui incitent les communes à se doter de bassins situés en contrebas d'une source ou d'une fontaine.
Les épidémies de choléra, de variole et de typhoïde incitent le Parlement à voter la loi du 3 février 1851 qui organise la construction des lavoirs couverts et prévoit que « c'est au lavoir commun que la laveuse trouvera une distribution commode d'eau et des appareils de séchage qui lui permettent une économie de temps et lui évitent d'effectuer le blanchissage dans l'habitation ». A ce titre, cette loi accorde un crédit spécial de 600.000 Francs de l'époque en vue de subventionner les communes à hauteur de 30 % du coût des travaux.
La mise en adjudication des travaux sur rabais à la chandelle1 explique chez les entrepreneurs une certaine similitude de conception et de matériaux des lavoirs.
Le lavoir, qui est encore dans la majorité des cas un bassin alimenté en eau naturelle, était le plus souvent public et gratuit, mais aussi parfois privé et payant.
Le lavoir avait pour vocation première de permettre de rincer le linge après l'avoir préalablement lavé car contrairement à une représentation très répandue, les lavandières ne s'y rendaient le plus souvent non pas pour laver le linge, mais pour l'y rincer.
Ne consommant que quelques seaux d'eau, le lavage pouvait avoir lieu dans les habitations ou les buanderies où le linge s'accumulait avant les « grandes lessives (appelées « buées ») qui duraient généralement 3 jours :
- le premier, le linge est immergé dans d'énormes baquets de bois pour un premier décrassage ;
- le deuxième, le linge est lessivé dans ces mêmes baquets ou d'autres cuves ;
- le troisième, le linge est rincé et essoré au lavoir.
La construction du lavoir de Lachau a été votée lors de la réunion du conseil municipal du 21 novembre 1909.
Le bâtiment comporte des toilettes publiques en amont des 2 bassins destinés :
- pour le rinçage : le bassin en amont,
- pour le lavage du linge : le bassin en aval..
Ce lavoir présente les caractéristiques suivantes :
- système entretenu de captage d'eau de source ;
- pavage en béton du fond des 2 bassins d'une profondeur d'environ 0,70 m avec une pente légère pour faciliter l'écoulement des eaux ;
- margelles inclinées et plongeantes continues ;
- tablettes de pierre inclinées vers l’eau bordant la margelle du bassin permettant de poser le linge à rincer ;
- étendoir avec des barres en bois suspendues au-dessus du bassin de rinçage sur lequel le linge était mis à égoutter,
- un déversoir en aval du bassin de lavage permettant d'évacuer les eaux effluentes,
- dallages des abords extérieurs du lavoir et munis d'une rigole sur le bord de la voie commune permettant leur nettoyage de façon aisée (voir photos).
Compte tenu de la hauteur des 2 bassins du lavoir (0,80m), les lavandières de Lachau y travaillaient debout et non pas agenouillées comme il est présenté ci-contre (voir photos) et qui met en évidence la nécessité de s'équiper de caisses en bois garnie de paille ou d'un coussin pour se protéger de l'eau.
Les lavoirs évoquent une période aujourd'hui révolue. Leur utilisation a été progressivement abandonnée dans la 2éme moitié du 20ème siècle avec la généralisation de l'adduction d'eau dans les foyers, leur équipement en lessiveuses, lavoirs mécaniques, machines à laver vers 1960 et puis lavoirs automatiques.
L'âge d'or des lavoirs n'aura duré au total qu'un peu plus d'un siècle. Cependant, le lavoir évoque le souvenir d'une époque révolue et rappelle le dur labeur de nos aïeules C'était un lieu éminemment social dans chaque village et l'endroit où les femmes se retrouvaient une fois par semaine ou plus et où l'on échangeait toutes les dernières nouvelles du village voire de la région.
Éléments incontournables de notre patrimoine rural vernaculaire, témoins de la vie d'autrefois, les lavoirs font partie des édifices qu'il faut à tout prix conserver.
C.A.M.
Je remercie Henri Amic pour ses informations qui m'ont permis de présenter les caractéristiques techniques de ce beau lavoir.
1 La vente à la bougie, également appelée vente à la chandelle, est une forme d'adjudication particulière puisqu'elle consiste à enchérir tant que 2 bougies sont allumées. Les enchères cessent dès que les 2 chandelles ont atteint leur terme, ce qui clôt les enchères.