« La rue de Normandie est une de ces vieilles rues, à chaussée fendue, où la ville de Paris n’a pas encore mis de bornes-fontaines, et dont le ruisseau noir roule péniblement les eaux ménagères de toutes les maisons, … »
Le Cousin Pons,1847, page 241.
Honoré de Balzac (1799-1850) : Écrivain français. romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur
Dans le cadre des théories hygiénistes, notamment face aux épidémies de choléra, ont été développées depuis le début du 19ème siècle des bornes-fontaines dans les communes, à l'image de ce qu'a réalisé le préfet Rambuteau (1781-1869) qui est à l’origine des premiers grands travaux parisiens tout en appliquant sa devise « de l’eau, de l’air, de l’ombre ».
Une borne-fontaine est un équipement public et collectif qui fournit de l'eau à un village ou un quartier dans les endroits dans lesquels les habitations n'ont pas de connexion directe à l'eau. C'est ainsi que de nombreuses bornes-fontaines, tout d'abord maçonnées puis en fonte, ont vu le jour jusqu'au début du 20ème siècle lorsque l'eau potable n'arrivait pas encore directement dans chaque foyer.
La plupart de ces anciens ouvrages ont été soit supprimés, soit laissés à l'abandon. Mais dans certains villages et villes, ils ont été maintenus, voire parfois rénovés, devenant aujourd'hui des objets du patrimoine historique. Comme la borne-fontaine de la commune de Villiers-Louis (Yonne) visible à droite de la photographie ci-contre qui présente sur sa gauche son lavoir, lequel est nettoyé régulièrement par la population de façon bénévole.
C'est ainsi que le commune de Lachau a deux anciennes bornes-fontaines :
1/ celle située dans le quartier de la Pinié alimentée par un captage d'une source : confer la photographie ci-contre (contribution de Monique Amic).
La construction de cette borne-fontaine a été votée lors de la réunion du conseil municipal du 25 mai 1930.
Le fonctionnement de cette borne fontaine s'apparente à celui qui est présenté dans le croquis présenté ci-contre pour le projet de borne-fontaine pour la place Mesgloaguen à Quimper (Bretagne).
Ce type de bornes-fontaines maçonnées a été créé dans nombre de communes et plus particulièrement dans des quartiers et hameaux (voir illustrations ci-contre).
Parfois ces bornes-fontaines ont été baptisées avec un nom de saint comme par exemple pour celle de Telgruc-sur-Mer : Saint Divy dont le nom a été francisé en Saint-Yves qui est le saint patron de la Bretagne (fête le 19 mai).
2/ celle construite par l'entreprise industrielle BAYARD : située sur la place du Monument aux Morts (mais actuellement en mauvais état) et alimentée par le réseau d’adduction d'eau du village, elle est d'un modèle des années 1950 – confer la photographie ci-contre.
Pour en comprendre le fonctionnement, voir le schéma en découpé de ce type de borne-fontaine ci-contre.
C'est ainsi qu'une partie de ces bornes-fontaines maçonnées ont été remplacées progressivement par celles en fonte dont la majorité était réalisée par la société Bayard mais aussi par la société Petavi. Ces bornes-fontaines avaient été judicieusement installées, notamment en cœur de village ou de quartiers adjacents, là où la population se trouvait concentrée.
Conclusion.
Actuellement tombées en désuétude compte tenu de l'arrivée dans les maisons de l'eau potable depuis les années 1930, ces bornes-fontaines sont des vestiges "historiques", témoins chargés de symboles qui sont parties intégrantes d’un patrimoine caractéristique dont la sauvegarde s’impose à tous.
C'est ainsi qu'il apparaît judicieux d'effectuer les opérations suivantes :
• les maintenir sur leur emplacement d’origine,
• veiller à leur préservation,
• signaler toutes dégradations les concernant,
• les rénover et les mettre en valeur,
• s'assurer de la potabilité de l'eau qui y coule permettant à la population et aux visiteurs de se rafraîchir.
C.A.M.