Origine du mot « Oratoire » :
Le terme d’oratoire est dérivé du verbe latin « orare », qui désigne la prière.
Cette appellation peut surprendre car les pratiques actuelles ne portent pas à concevoir ces monuments de pierre souvent modestes, figurant une croix, et ornés d’une statue de la Vierge Marie ou bien d’un saint disposée dans une niche, autrement que comme la marque publique de la piété qui existe ou a existé dans une région.
Petits monuments à caractère religieux qui appelaient le passant à la prière, ils témoignent de la Foi de nos ancêtres et nos anciens, de la mémoire de nos villages et d'une certaine forme dévotion populaire qui reste assez rare actuellement. C’est dans les campagnes que l’on rencontre la majorité des plus de 12.000 oratoires répertoriés en France.
Érigés sur un emplacement parfois très ancien, ils avaient pour objet :
- soit d'invoquer la protection d’un village et de ses habitants,
- soit de signaler un chemin de pèlerinage,
- soit de rendre grâce (comme un ex-voto).
L’emplacement et l'environnement des oratoires qui ne sont pas fortuits, sont souvent situés à des carrefours, au passage d’un col, à l’angle d’un pont, au sommet d’un rocher, au bord d’un précipice...Ils invitent les voyageurs à la prudence et à recommander leur âme à Dieu. Certains d’entre eux ont été érigés en remplacement d’une ancienne chapelle trop vétuste pour pouvoir être restaurée et témoignent ainsi de cette disparition comme celui de Saint-Antoine de Padoue de Lachau.
Leurs formes et les matériaux utilisés pour leur construction sont d'une très grande diversité selon les régions. Le type le plus classique est celui du pilier dont les éléments constitutifs, sont :
- la croix qui surmonte l’édifice reposant parfois sur une boule représentant le globe du monde,
- le toit à 1, 2 ou 4 pentes en forme de pyramide (ex : aux flancs incurvés), poivrières, campaniles, clochetons, voûte épousant les contours de la niche et agrémentés de sculptures et de moulures,
- la grille destinée à protéger la statue du Saint qui est soit fixe (simples barreaux verticaux scellés), soit en porte ouvrante ; elle peut être constituée d'ouvrages de ferronnerie (fers plats, ronds, carrés, torsadés) assemblés avec des volutes et motifs décoratifs ; à l’inverse, les plus humbles sont constitués d’un simple grillage tendu sur un cadre métallique ou un simple cadre de bois,
- la niche, partie maîtresse de l’oratoire destinée à abriter la statue du Saint, carrée ou rectangulaire, qui se termine à sa partie supérieure par un arc de plusieurs natures : anse de panier, arc brisé en ogive, arc en accolade, arc trilobé, arc de plein cintre...
- le fût, pilier de section carrée, rectangulaire, triangulaire, polygonale, ou cylindrique, qui avec ses inscriptions peut donner des indications sur la date et les circonstances de son érection, les noms du Saint à qui il est dédié et voire de son donateur ; il est habituellement surmonté d’une corniche sur laquelle repose la niche,
- le socle de faible hauteur raccordé au fût par un chanfrein, un congé, un arrondi ou une moulure,
- le soubassement servant d’ancrage du monument dans le sol qui est souvent constitué de larges dalles de pierre.
La commune de Lachau a 2 oratoires qui sont les suivants :
1/ Oratoire de Saint-Antoine de Padoue (autrefois, le titulaire était Saint-Antoine du Désert1).
Érigé sur l'ancien site de la Chapelle Saint-Antoine qui n'existait plus à la fin du 18éme siècle, il est situé au Quartier du Rioufret – à 800 m à l'ouest du village de Lachau avec les caractéristiques suivantes : matériaux en pierre de taille ; niche en plein cintre ; une grille ; une statue ; une croix bourgeonnée en fer.
Saint-Antoine de Padoue2 (Fernando Martins de Bulhões (1195-1231) qui était un prêtre franciscain, fait partie des quelques saints dont presque toutes les églises de la planète possède une statue. Robe de bure, tonsure franciscaine, il porte la plupart du temps dans ses bras l’enfant Jésus avec qui il aurait conversé par miracle une nuit durant, selon la tradition. Il est connu pour avoir retrouvé un jour, dans une grotte non loin de Brive-la-Gaillarde, de précieux manuscrits qui avaient été dérobés, ce qui lui vaut d’être toujours invoqué pour retrouver des objets perdus.
2/ Oratoire de Saint-Joseph3 (ou de la fuite des Juifs d'Égypte du temps de Hérode, roi de Judée : 73 av. JC – 4 av. JC)
Situé sur la route D 201 en direction d'Éourres à 400 m à gauche au bord de la route, l'oratoire a été édifié par l'abbé Teissier (curé de Lachau 1952 à 1959) et restauré en 1965 et avec les caractéristiques suivantes : couverture en béton ; matériaux en maçonnerie enduite ; toiture en bâtière ; niche ogivale ; une grille en fer forgé ouvragé ; une croix recroisetée d'orient en fer forgé ouvragé.
Selon la religion catholique, Saint-Joseph fut l'homme juste que Dieu donna comme époux à la Vierge Marie, la Mère du Christ et le serviteur fidèle et prudent, à qui Dieu confia la Sainte Famille. Saint Joseph veilla comme un père sur le Fils Unique de Dieu, Jésus-Christ, conçu par la puissance du Saint-Esprit.
Conclusion.
Isolés au bord d'un chemin, dressés dans un bois ou près d'un champ, souvent éloignés du bourg, dotés d'une architecture généralement frustre, les oratoires ont toutes les apparences d'un monument anodin dont les dimensions modestes n'attirent pas et plus l'attention.
La profusion de ces oratoires dans le Sud-Est en fait pourtant un objet ethnographique remarquable, ne serait-ce que parce qu'il permet de mieux cerner un domaine capital de la religion dite populaire : le culte des saints.
En outre, ces oratoires, en s’intégrant harmonieusement dans le paysage de nos campagnes, constituent un des éléments essentiels de notre patrimoine rural. Cependant, leur fonction tombe néanmoins dans l’oubli et leur histoire est souvent méconnue. Ils sont vulnérables, soumis à l’agressivité des intempéries, à l'indifférence des hommes, aux priorités d'aménagement du territoire, et fait plus grave, au vandalisme.
C.A.M.
Merci à Monique et Henri Amic qui avec leur connaissance de ces 2 oratoires m'ont permis de rédiger cet article
1 Saint Antoine du Désert est également le saint patron de la Légion étrangère (► en savoir plus).
2 Fêté le 13 juin.
3 Fête le 19 mars.