Village de Lachau
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Vue du chateau et de l'église © Dobeuliou
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Le long parcours militaire (1912-1919) d'un ancien boulanger de Lachau :
le soldat conscrit Henri, Romain, Robert BOREL

Parmi tant d'autres artisans boulangers dans le village de Lachau, il y avait Joseph BOREL qui avait un four dont l'entrée est encore visible sous le balcon de la maison située en face de l'église de Lachau - confer la photo ci-contre des années 1910 présentant la place.

La boulangerie de Joseph BOREL a été reprise en 1919 par son fils Henri, Romain, Robert BOREL dès son retour de son très long service militaire à l’extérieur du territoire métropolitain. Ce dernier a exercé cette fonction de boulanger jusqu’en 1946. Après cette date, la gérance a été reprise par Albert et Francine CURNIER, puis par BRENGUEL jusqu’à sa fermeture en 1953.

Henri, Romain, Robert BOREL né le 7 juin 1891 à Lachau est le fils de Joseph BOREL et de Marie AUBERT.


C'est ainsi que cet article retrace l'histoire du parcours militaire exceptionnellement long de Henri, Romain, Robert BOREL pendant plus de 7 ans (1912-1919) comme conscrit dans l'armée de la IIIe République.

Lors de sa conscription en 1912, Henri, Romain, Robert BOREL est muté dans la 20ème section de commis et d'ouvriers militaires d'administration (SCOA) basée à Oran qui est une des 3 SCOA du 19ème corps d'armée basé en Algérie (19ème SCOA basée à Alger et 21ème SCOA basée à Constantine).

Les SCOA qui étaient des unités militaires administrativement autonomes faisaient partie des principaux organes d'exécution propre à l'organisation du service de l'Intendance en collaboration avec les officiers d'administrations (dont les principaux étaient les intendants) et les détachements du Train des équipages

► voir le décret du 2 août 1874

Le commis était le nom du spécialiste affecté aux tâches bureaucratiques de l'administration : soldes, gestion de la trésorerie, état-civil, réquisitions, règlement des contentieux et litiges...
L'ouvrier militaire d'administration était le nom du personnel servant dans la branche Exploitation du service de l'Intendance : approvisionnement en subsistances, habillement, couchage, campement, ameublement...

Dès la déclaration de la guerre en août 1914, les SCOA ont été aussitôt considérablement renforcées par la mobilisation immédiate des sous-intendants militaires et officiers d'administration du cadre auxiliaire et de réserve occupant pour la plupart dans la vie civile des fonctions administratives et juridiques, des professions se rattachant à l’approvisionnement courant (alimentation, industrie du vêtement, campement, ameublement, couchage, etc.).

Au vu de sa spécialité professionnelle de boulanger, Henri, Romain, Robert BOREL a été affecté dans une boulangerie d'armée - confer la photo ci-contre représentant une boulangerie de campagne.

Les périodes de Henri, Romain, Robert BOREL au sein de la 20ème SCOA sont les suivantes :
• en Algérie du 11 septembre 1912 au 24 septembre 1913, soit 1 an et 13 jours ;
• aux confins entre l'Algérie et le Maroc oriental dans le cadre de la lutte contre les tribus rebelles marocaines du 24 septembre 1913 au 1er août 1914, soit 11 mois et 23 jours ;
• au Maroc du 2 août 1914 au 28 février 1918, soit 3 ans et 7 mois.

♦ On peut voir sur la photo de groupe de la 20ème section de commis et d'ouvriers militaires d’administration ci-contre le visage d’Henri, Romain, Robert BOREL à l'avant dernier rang et 2ème à partir de la gauche.

C'est ainsi qu'au titre de sa participation aux opérations aux confins de l'Algérie et du Maroc oriental, Henri, Romain, Robert BOREL a reçu par décret présidentiel du 28 avril 1914 la Médaille coloniale avec l’agrafe « Maroc » qui a été créée par le décret du 30 juillet 1913 ♦ confer la médaille ci-contre.

Puis, Henri, Romain, Robert BOREL a été incorporé au sein du 16ème Bataillon sénégalais, qui était une unité opérationnelle chargée de la lutte contre les tribus marocaines rebelles au Sultan du Maroc et à l'autorité du Résident général du Protectorat français au Maroc, du 1er mars 1918 au 31 mars 1919 soit 1 an et 30 jours.

Le 16ème Bataillon sénégalais (1) a été déployé au Maroc le 1er novembre 1914, pour remplacer au sein du 3e régiment colonial mixte le 5e bataillon colonial composé de « Marsouins (2) » européens et indigènes parti en France pour participer à la Grange Guerre de 1914-1918. Le 16ème Bataillon sénégalais comprenait à l'origine, 5 compagnies dites « noires » (composées de tirailleurs africains recrutés dans l'Afrique occidentale française) et une section de mitrailleuses stationnées dans la partie occidentale du Maroc. Le 1er mars 1918, a été créée au sein de 16ème bataillon sénégalais une compagnie dite « blanche » en vertu de la loi Mourier (3) du 10 août 1917 fixant les affectations aux unités combattantes des mobilisés (classes 1903 à 1917) dans les services, notamment les SCOA.

Henri, Romain, Robert BOREL a donc été affecté au sein de cette compagnie « blanche » qui était intégrée dans un Groupe Mobile qui a opéré dans la zone montagneuse du Moyen Atlas ♦ confer la carte ci-contre.

Le long périple des opérations menées par cette compagnie « blanche » dans le Moyen Atlas, qui ont été très dures et éprouvantes compte tenu du type de guérilla menée par les rebelles et du terrain accidenté, ont été les suivantes :
- le 2 avril 1918 : déploiement à Aïn Leuh,
- le 16 mai 1918 : installation d'un poste permanent à El Hammam,
- le 18 mai 1918 : résistance vaillante contre un fort parti de rebelles,
- du 19 mai au 14 juin 1918 : missions de ravitaillement du poste basé à Bekrit,
- le 17 juin 1918 : après son installation dans le poste basé Arbalou-Larbi, résistance vaillante contre une attaque de rebelles,
- le 19 juin 1918 : au passage du col du Targhzerft, contre attaque valeureuse contre les rebelles,
- le 13 juillet 1918 : installation dans un poste à Ksabi,
- le 6 août 1918 : départ de Timhadit pour aller à Assaha,
- le 10 août 1918 : installation dans un poste à Assaha.
- le 21 septembre 1918 : hivernation à Bekrit
- le 16 mars 1919 : départ de Bekrit pour Aïn Leuh
- le 18 mars 1919 : installation à Aïen Leuh,
- le 31 mars 1919 : dissolution de la compagnie « blanche » après plus d'une année d'activité opérationnelle dans des conditions difficiles : nombreux déplacements à pied bien souvent sous des températures très froides et très chaudes, maladies et épidémies, rationnement en vivres et en eau...

Après la dissolution de la compagnie « blanche », Henri, Romain, Robert BOREL a été affecté au sein de la section de marche des commis et des ouvriers militaires d'administration du Maroc du 1er avril 1919 au 19 août 1919, soit 4 mois et 19 jours

Au titre de son service militaire actif, Henri, Romain, Robert BOREL a obtenu la carte du combattant ♦ confer la carte ci-contre

La photographie de Henri, Romain, Robert BOREL sur sa carte du combattant met en évidence :
• son regard déterminé et volontaire mais peut-être aussi des traces laissées par la durée et la dureté de son service militaire,
• sa dignité et sa fierté de son statut d'ancien combattant en portant un complet veston et une cravate avec une épingle sur le col de sa chemise blanche.

Avec sa carte du combattant, il a ainsi reçu la croix du combattant ♦ confer la croix du combattant ci-contre.

Henri, Romain, Robert BOREL a été rappelé lors de la mobilisation générale de septembre 1939 mais sa constitution physique suite à l’exercice difficile de son métier de boulanger a conduit à sa dispense de servir au sein des forces armées.

Par rapport à la majorité des soldats mobilisés lors de la guerre 1914-1918 Henri, Romain, Robert BOREL a effectué un service militaire, comme conscrit, d'une durée exceptionnellement longue : 7 ans et 25 jours pendant laquelle il n'a pas pu bénéficier de permissions pour voir sa famille à Lachau compte tenu que les liaisons maritimes entre le Maroc et la France étaient réservées aux approvisionnements et à l'envoi de troupes vers la métropole. Il a ainsi quitté Lachau à l'âge de 21 ans et il n'y est revenu qu'à l'âge de 28 ans, ce qui est une durée longue pour un conscrit de l'époque.

Que son parcours soit un exemple pour les jeunes générations en rappelant la citation du Président des États-Unis d'Amérique, John Fitzgerald Kennedy lors de son investiture le 20 janvier 1961 : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays »

Merci à Alex RIGAT pour ses témoignages sur son grand père Henri, Romain, Robert BOREL qui permettent ainsi de conserver sa mémoire au sein des archives de la mairie de Lachau.

C.A.M.

1 Source historique : GALLICA – Transcription intégrale – Eric Lemaistre – 2014 - Exécution des Circulaires Ministérielles N° 706 8/11 du 25 Avril 1919 et N° 8 du 5 Juin 1919

2 Nom donné aux fantassins de l'infanterie coloniale.

3 Le député radical du Gard - Louis Frédéric Mourier (1873-1960) - est un médecin français, natif de Vézénobres qui se fait remarquer par le ministre de la Guerre, Paul Painlevé qui le nomme sous-secrétaire d’État à l’Administration de l’Armée du 12 septembre au 16 novembre 1917.

 

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